vendredi 29 décembre 2017

Tom of Finland (Dome Karukoski, 2017)

Séance de rattrapage pour finir l'année 2017 avec Tom of Finland que je n'étais pas allé voir au cinéma lors de sa sortie en juillet. La dernière fois que j'ai vu un film finlandais, c'était le chouette Oli Mäki, là aussi sur une figure connue de ce pays si lointain et si froid. C'est d'ailleurs dans la glace que Tom of Finland commence, avec toute une ribambelle de soldats qui prennent un moment de répit pour plonger à poil dans les eaux gelées d'un lac. C'est la seconde guerre mondiale, Touko Laaksonen (Pekka Strang) est lieutenant.

Commencer ce récit, qui court sur quarante ans, par la guerre en Finlande (le pays lutte contre Staline pas contre l'Allemagne) et le finir par une autre guerre mondiale, celle du SIDA où Touko est accusé à cause de ses dessins d'avoir encourager la libération sexuelle, donc l'épidémie, inscrit son personnage dans un état de lutte permanente. Le film suit chronologiquement son histoire. La manière dont il mène une double vie, comment un gringalet timide devient le dessinateur Tom of Finland.

Il n'est pas seulement timide, il est totalement accablé par le conservatisme de l'époque, une société corsetée dans laquelle il cherche, dans les parcs d'Helsinski, des hommes avec qui passer quelques moments. Chez lui, il vit avec sa sœur Kaija (Jessica Grabowsky), ignorante de la sexualité de Touko, elle décide d'avoir un nouveau locataire Nipa (Lauri Tilkanen), jeune danseur, elle imagine pouvoir l'épouser. Ce dernier deviendra l'amant de Touko jusqu'à sa mort.

Touko est dessinateur dans une agence de publicité et il est photographe à ses heures. Dans sa petite chambre, il va commencer à dessiner ces hommes à la virilité exacerbée, l'image du soldat russe, à la fine moustache, qu'il tue lorsqu'il était soldat ne cesse jamais de le hanter comme un modèle idéalisé. Dans la rue, il se plaît à prendre en photo des motards. Lui-même commence à porter un blouson de cuir, l'imagerie de l'art de Tom of Finland est ainsi expliquée.

Touko est soumis dans sa vie privée, il subit l'acharnement de la loi et de la répression. Son premier voyage à l'étranger, à Berlin, où il espère faire connaître ses œuvres se solde par une arrestation. Il ne doit son salut qu'à l'intervention de son capitaine d'armée. Ce capitaine est bien plus prudent dans ses aventures amoureuses, il joue au chat et la souris avec la police finnoise. Son mariage est une façade et ses orgies sont des moments de liberté pour Touko et Nipa.

Sur les dessins, l'auteur signait de ses initiales TL, il efface le L et inscrit Tom. Il envoie ses dessins aux USA dans les années 1960, la grande époque des pseudo magazines de muscu où les personnages beefcake peuplaient les pages. Encore coincé en Finlande, Touko devient célèbre aux Etats-Unis grâce à deux jeunes gars, Doug et Jack adeptes de la musculation et des moustaches. Ils quittent leur patelin où ils risquent leur vie pour la Californie.

Quand Touko atterrit enfin en Californie et débarque dans la maison de Doug et Jack, tout le monde vit comme dans un magazine de Tom of Finland, c'est la partie la plus forte du film au milieu d'un marasme sociétal. Soudain trois flics entrent dans la propriété, Touko pétrifié pense qu'ils sont venus les arrêter, mais non, ils sont là pour attraper un braqueur de supérette. Touko en profite pour prendre en photo l'un des flics tandis que tous les autres invités, en cuir et petite tenue, continue leur ébats sexuels autour d'une piscine.


Le combat entre le fantasme, ces hommes aux muscles saillants, aux grands sourires, au regard puissant et dominateur, et la sinistre réalité, la répression, la maladie, la soumission est l'atout de ce biopic où son personnage principal ne sourira jamais. En 2017, les biographies les plus marquantes (Neruda, Jackie, Barbara, Le Redoutable et ce Tom of Finland) furent ainsi, sinistres et désespérées, avec des rayons de soleil.























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