jeudi 14 décembre 2017

Niki Larson (Wong Jing, 1992)

En cette année 1992, 25 ans déjà, Jackie Chan avait comme concurrents principaux Stephen Chow et Jet Li. Côté comédie, Royal tramp de Wong Jing avait réussi à se hisser au sommet du box office, Stephen Chow, avec pas moins de cinq films, reléguait Jackie Chan bon deuxième. Côté action, Jet Li, héros des Il était une fois en Chine où il incarne le personnage de Wong Fei-hong s'était disputé avec Tsui Hark et avait proposé ses services à Wong Jing.

Il était donc logique que Jackie Chan fasse appel au réalisateur pour tenter de rester au sommet des entrées. Wong Jing était à cette époque-là le cinéaste de Hong Kong qui tournait plus vite que son ombre, il enchaînait les films et faisait des suites à ses succès, jamais Wong Jing ne s'est embarrassé à faire du bon goût et à voler des idées à ses petits camarades. L’idée d’adapter en live Niki Larson (City hunter en VO), malgré ses presque quarante ans, s’est avérée particulièrement rentable.

Jackie Chan est donc Niki Larson, constamment vêtu de sa veste blanche qu’il porte sur un débardeur (rouge ou blanc). Niki, comme il le dit lui-même, n’aime pas une femme, il aime toutes les femmes. Il vit avec Kaori (Joey Wong), la nièce de son ancien assistant (Michael Wong) qui demande à Niki de s’occuper de sa nièce mais de ne jamais la séduire. Tu parles ! Niki Larson est un obsédé sexuel et il ne pourra jamais résister à la tentation de séduire la belle Kaori.

Cet aspect cartoon sera une constante comique du film. A la fois visuel par les couleurs vives, les raccords cut et des visages sur-expressifs, et à la fois grâce aux gimmicks sonores qui illustrent chaque facétie. C'est en début de film avec Michael Wong que le cartoon est le plus net. La scène de bagarre où les coups sont inscrits sur l'écran puis quand Michael Wong ne cesse jamais d'agoniser (ce sera une des rares fois où l'acteur, souvent très insipide, réussit à faire rire).

Niki Larson est détective privé et vit dans un garage rempli de voitures. Il dort sur un hamac et Kaori a bien du mal à le réveiller de ses rêves érotiques (une horde de jeunes femmes en bikini le caressent dans une piscine). Il est engagé dans une enquête, dont on se moque un peu, ce qui compte c'est de rire. La fille d’un milliardaire japonais a disparu. Il doit retrouver Kiyoko (Gotoh Kumiko) qui fugue sur un paquebot pour suivre une croisière. D’ailleurs tout le monde va se retrouver sur ce bateau.

Naori y va avec son cousin Rocky (Tan Lap-man), un gringalet froussard. On découvre aussi les autres personnages. Chingmy Yau et Carol Wan sont deux policières infiltrées pour tenter d’éviter une prise d’otage. Les terroristes sont forcément américains (Richard Norton et Gary Daniels), caricatures de méchants au rire sardonique. Il ne faut pas rater la séance de musculation de Gary Daniels en slip et cheveux en catogan, sommet de kitsch. Et enfin, Gundam (Leon Lai), un joueur professionnel qui utilise ses cartes comme armes.

Tout est mis en place pour délirer complètement. Niki Larson embarque clandestinement sur le bateau et n’a qu’un souci : trouver de quoi manger. Le film se déroule en unité de temps et sa recherche d’alimentation est le meilleur running gag du film. Les filles doivent donc faire face à sa gourmandise, dans son esprit les seins se transforment en hamburgers, les bras en ailes de poulet. Pendant ce temps, le capitaine cherche à la choper pour le mettre aux fers, il devra donc s’échapper par tous les moyens, se glisser dans les endroits les plus exiguës, se cacher ici et là.

Jackie Chan fait preuve d’une agilité constante pour se dérober. Il y aura aussi quelques combats au corps à corps avec les terroristes chorégraphiés par Ching Siu-tung. Le meilleur est à la fin dans un affrontement avec Gary Daniels où les deux acteurs se transforment en personnages de jeu vidéo et agissent comme tel, rebondissant, ricanant et portant des déguisements ridicules. Gary Daniels ne porte pas seulement son slip et Niki Larson devient successivement un ninja retors et une danseuse sexy, c'est assez dingue !

C’est sans doute en effet le ridicule des situations qui frappe le plus. Peut-être que Wong Jing n’est jamais allé aussi loin dans le mauvais goût. Il fait du personnage de Jackie Chan un homme stupide et c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles l’acteur n’a jamais tourné avec lui une deuxième fois. Contrairement à Stephen Chow qui a longtemps accepté d’être le couillon de service dans les films, Jackie Chan tient à son standing et le résultat est un pur exercice masochiste.


Mais c’est ce qui fait la qualité du film, un des meilleurs de Wong Jing, cette volonté d’aller jusqu’au bout du spectateur, jusqu’à son épuisement. La séquence la plus ridicule est celle avec Eric Kot et Jan Lam, une séquence sortie de nulle part où les deux acteurs chantent un rap endiablé en cantonais, avec Chingmy Yau et Carol Wan en choristes-danseuses. Tout le monde est habillé en short moulant noir, arbore avec un sourire niais et danse dans les airs sur la chanson qui s’appelle Happy Happy Gala Gala. Tout un programme.



























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