Le
Crime de l'Orient Express (Kenneth Branagh, 2017)
Finalement,
j'ai osé aller voir cette version de Kenneth Branagh. Son ambition
est simple, faire comme la série Sherlock, dépoussiérer la version
de Sidney Lumet. Ça commence à Jérusalem avec une démonstration
du génie du détective, comme dans tous les films d'action où une
mission impossible est déconnectée du reste du récit. Un récit
qu'on connaît tous et qui ne change pas, sauf avec cette ouverture
insensée à Jérusalem où Hercule Poirot (que ces ignares
d'Américains appellent Hercules, sous-titré en français par
Achille) prend le bateau pour aller à Istanbul, tiens, tiens,
Jérusalem est au bord de la mer. Les paysages sont en numérique
(atroce), il ajoute des scènes d'action et de baston d'un
anachronisme qui rappelle les navets de Guy Ritchie. Radin, Kenneth
Branagh ne laisse pas à ses partenaires la moindre chance de
s'amuser. Comme eux, on s'ennuie ferme.
Santa
& Cie (Alain Chabat, 2017)
La
première séquence dans le pays de Santa Claus est un hommage
amusant et réussi à la mécanique de Tim Burton (entre Charlie
et la chocolaterie et L'Etrange Noël de Mr. Jack). Puis,
c'est l'arrivée à Paris. Alain Chabat joue sur la candeur de son
Père Noël exactement comme l'avaient fait les Inconnus avec Les
Rois mages en 2001. Santa découvre les codes de vie humaine, en
total décalage avec ce qu'il imaginait, soit l'opposition frontale
entre le réalisme et le Merveilleux. Assez vite, un problème de
taille plombe le film. Les jeux de Pio Marmaï et Golshifteh Farahani
sont épuisants, ils débitent leurs répliques à toute vitesse et
gesticulent sans cesse (ben ouais, la comédie c'est la vitesse)
quand Alain Chabat prend son temps et décline sa nonchalance.
Dernier défaut, les troisièmes rôles (et pendant ce temps à Vera
Cruz) des deux flics sont complètement sacrifiés et leur pouvoir
comique expédié en trois scènes, dommage.
Bienvenue
à Suburbicon (George Clooney, 2017)
Les
moments les plus intéressants sont en sourdine, ces interviews de
Blancs diffusé à la télévision où leur racisme appelle à la
poursuite de la ségrégation. Leurs raisons font écho à la
campagne de Donald Trump et des soutiens suprémacistes. Pour George
Clooney et ses quatre scénaristes (dont Joel et Ethan Coen), c'est
un moyen de parler différemment du Black Live Matters, une méthode
moins édifiante que Loving de Jeff Nichols ou Selma de
Ava DuVernay. Les séquences terrifiantes du harcèlement de la
famille afro-américaine installée dans ce lotissement chic et
totalement blanc sont fortes. Grosso-modo, il est énoncé que les
crimes de Matt Damon et Julianne Moore passent inaperçus tant que
les autres sont occupés à martyriser des innocents. On peut en
conclure que Bienvenue à Suburbicon est un film sur
l'injustice érigée comme loi. Seulement voilà, entre la fiction
politique et le film noir comique, la greffe est laborieusement mise
en place. Oscar Isaac imite George Clooney à la perfection.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire