Star
Wars, les derniers Jedi (Rian Johnson, 2017)
Quoi
de neuf dans ce nouveau Star Wars ? (On en a un maintenant un
par an, c'est trop). Des nouveaux animaux créatures destinées à
faire des peluches pour vendre à Noël : des espèces de mogwai
sur l'île de Luke Skywalker, animaux de compagnie du dernier Jedi
tous mignons, presque inspirés de l'univers de Hayao Miyazaki. Mais
aussi, une variation de tamanoir géant que Luke trait comme une
chèvre. Oui, il faut bien se nourrir dans les Star Wars. En fin de
film, sur une planète glacée, Leia et ses amis rebelles sont sauvés
par des chiens de glace. Comme au bon vieux temps de George Lucas
(quand j'écris « bon », j'ironise), trois récits
parallèles se superposent. Sur l'île de Luke où il subit les
assiduités de Rey qui rêve de devenir Jedi. Tout cela est d'un
ennui mortel, Rian Johnson se contente de filmer au drone l'île.
Dans le vaisseau de Leia, la princesse doit contrôler l'impulsivité
de Poe (il fournira la seule blague valable en traitant le général
Hux de Hugs), mais son pote Finn se prend d'amitié pour une femme
soldate (adieu les espoirs d'ouverture gay promis par J.J. Abrams).
Enfin, le gros morceau est Kylo Ren, le fils d'Han Solo et Leia,
esclave de Snoke (horrible motion capture). Adam Driver campe ce
méchant qui se voit sans cesse comparé à Darth Vader, son
grand-père qu'il n'a jamais connu. On peut se moquer de l'acteur qui
en fait des tonnes, qui avance petit à petit découvert (il casse
son masque, il se promène torse nu), mais il apporte cette fragilité
qui fait tant défaut aux concurrents de Hollywood, les acteurs de
Marvel et de DC Comics.
The
Florida project (Sean Baker, 2017)
Le
lumpen prolétariat américain de The Florida project ne vote,
à mon avis, pas pour Donald Trump. En tout cas, les personnages ne
portent pas d'armes, ne sont pas délinquants, ne sont pas racistes,
ils sont gentils tout plein. Ils vivent dans des motels en périphérie
du Disneyland d'Orlando, précisément sur l'avenue des Sept Nains.
Sean Baker pense qu'il n'a pas besoin d'histoire pour faire tenir
tous ces personnages en 100 minutes. Conséquence, c'est Willen Dafoe
qui porte le film, coordonne les saynètes de cette chronique
désenchantée. Il court d'appartement en appartement pour régler
les soucis réguliers (les pannes, les engueulades, les loyers, le
pédophile), tout ces événements de la vie quotidienne sont traités
de la même manière. Les trois enfants, des petits espiègles
innocents qui s'ennuient pendant l'été, font des bêtises, petites
(mendier pour se payer une glace), grosses (incendier une maison
vide) mais rien n'a de conséquence réelle. Seul cet incendie permet
de relancer l'action, la dispute entre deux mamans débordées.
Finalement, la vie du lumpen prolétariat américain a tout du feel
good movie, on se croirait dans un Pixar, l'horreur !
Le
Rire de Madame Lin (Zhang Tao, 2017)
Madame
Lin a des cheveux blancs, des boucles d'oreille et trois enfants qui
ne savent pas quoi faire d'elle. On est dans un coin reculé de la
Chine, la maison familiale est bien modeste, la famille n'a pas
vraiment le sou. Les enfants vont se charger chacun à leur tour de
s'occuper de cette vieille mère qui bouge de moins en moins, parle
de moins en moins, sourit de moins en moins, toujours filmée de
l'intérieur (l'un des éléments formels de Zhang Tao). Soudain,
elle se met à rire, un rire glacial et récurrent qui horripile sa
fille qui décide d'installer cette mère dans la bergerie avec les
bêtes. Puisqu'elle est traitée désormais comme un animal, elle
bouffera de la mort au rat pour choisir sa mort et rappeler à ses
enfants ingrats qu'elle n'est pas un animal mais une mère
abandonnée. Ce rire est le dernier sursaut d'un société chinoise
en déliquescence, où les traditions n'ont plus vraiment lieu
d'être. Le film s'ouvre sur une cérémonie traditionnelle où
madame Lin sourit et s'achève sur ses funérailles selon le rite
taoïste où toute la famille s'en va reprendre sa vie dès qu'elle
le peut, des funérailles de stricte circonstances sans émotion ni
rire.
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