vendredi 26 février 2016

Zoolander (Ben Stiller, 2001)

Quelle horreur : le Premier ministre de Malaisie a décidé que le travail des enfants serait réglementé dans son pays. C'est un tremblement de terre pour l'industrie du textile qui se mobilise en secret. Les plus grands créateurs (on reconnaît les silhouettes des sosies de Giorgio A. d'Anna W. ou de Karl L.) mènent la lutte pour assassiner le chef d'état. Ils ont convoqués Mugatu (Will Ferrell) pour trouver un mannequin suffisamment manipulable et docile, donc stupide, pour accomplir cette mission. Ce mannequin, Mugatu l'a trouvé, ce sera Derek Zoolander (Ben Stiller).

Pour le présenter, quoi de mieux que de faire intervenir une journaliste de Time Magazine, Matilda (Christine Taylor) abasourdie par la bêtise de son sujet et par les réponses qu'il lui donne où le mannequin semble avoir un vocabulaire bien limité. Zoolander a une marque de fabrique, le regard « blue steel », qui s'avère être le même regard que le « tiger » ou « Ferrari ». Soit un regard de poisson mort et des lèvres en cul de poule. Zoolander prépare aussi son nouveau look, appelé « Magnum » et qu'il peaufine depuis 8 ou 9 ans.

En attendant la parution de l'article que Derek imagine élogieux, la cérémonie annuelle de la mode arrive. Derek Zoolander a été élu trois années de suite meilleur mannequin. Il brigue un quatrième trophée. C'est sans compter sur Hansel (Owen Wilson) aussi blond que Zoolander est brun, aussi hipster que son concurrent est metrosexuel, mais tout aussi stupide. Quand Lenny Kravitz (l'une des nombreuses stars qui jouent leur propre rôle, on y voit aussi Donald Trump et Winona Ryder) annonce que Hansel est vainqueur, Zoolander monte tout de même récupérer la récompense.

Il devient la risée de toute la profession et des médias. Il annonce à son manager, le sublimement vulgaire Maury Ballstein (Jerry Stiller, le propre père de Ben Stiller) qu'il abandonne sa carrière. Direction le sud du New Jersey où il retrouve sa famille. Son père (Jon Voigt) et ses frères (Vince Vaughn et Judah Friedlander) ont la même chevelure que Derek mais leur vie est bien différente. Il est la honte de la famille à la découverte d'un pub où il est une sirène. Zoolander devient comme eux mineur de fond, il va au fond de la mine avec style et se débarbouille de la suie avec du démaquillant.

L'échec de sa nouvelle vie est patent mais Zoolander rebondit vite et accepte l'invitation de Mugatu pour se nouvelle collection, Derelicte axée sur les détritus. Mugatu est génialement incarné par Will Ferrell avec toute la démesure que l'acteur peut proposer dans son jeu. Mugatu, c'est d'abord un visuel monstrueux. Des cheveux blancs en forme de M, des yeux vicieux qui annoncent son mépris pour son prochain, des tenues extravagantes qu'il porte avec une gaine. Sans Will Ferrell dont le comique réside aussi dans sa voix outrée, le film de Ben Stiller n'aurait pas la même force.

Tout le scénario tourne désormais autour du complot que fomente Mugatu avec l'aide de son assistant Todd (Nathan Lee Graham) son souffre-douleur et de Katinka (Milla Jovovich) son bras armé tout de cuir vêtu. Il lui font subir un lavage de cerveau dans une séquence psychédélique aussi hilarante qu'improbable où Mugatu déguisée en petite fille affirme, une sucette à la main, que le travail des enfants c'est génial. Zoolander est maintenant aux mains des ennemis du Premier ministre de Malaisie.

Conçu comme un polar parodique, Zoolander fait fi de toute vraisemblance. Matilda comprend vite la manipulation de Mugatu et Katinka grâce à des coupures de journaux. Quelle idiote cette Katinka de s'être laissée photographiée autour des mannequins qu'elle a flingué. L'enquête se poursuit avec un mannequin main (David Duchovny) qui explique au cimetière Saint-Adonis que toute cette histoire est un vaste complot. X-Files n'est pas très loin. Hansel se réconcilie avec Derek et acceptent de l'aider pour mettre fin à la tentative d'assassinat.

Quatre chansons scandent le film dans quatre séquences devenues des morceaux de bravoure. Wake me up before you go go de Wham! quand les colocataires de Derek font une bataille à la pompe à essence. Beat it de Michael Jackson lors du défi défilé où s'affronte Hansel et Derek sous l'arbitrage de David Bowie. Love to love you baby de Donna Summer lors de la partouze sous stupéfiant dans le loft de Hansel. Et évidemment Relax de Frankie goes to Hollywood lors du lavage de cerveau mais aussi pendant le défilé Derelicte où le sinistre DJ (Justin Theroux) actionne le plan diabolique de Mugatu. Pour faire une courte conclusion : un film génial.




















3 commentaires:

Jacques Boudinot a dit…

Ah oui, absolument génial. À hurler de rire.
Représenter la connerie
nécessite beaucoup de sérieux et d'inspiration :
Zoolander en a à revendre.
Loin d'être grossier et facile, le film est précis, avec un soucis
du détail juste qui fait mouche.
Petit succès en salles à sa sortie en France (comment vendre
un film pareil ?) mais oeuvre indispensable dans toute
vidéothèque qui se respecte.

Jean Dorel a dit…

Le succès a été faible aussi aux Etats-Unis. Certes, il est sorti trois jours après le 11 septembre 2001. Pour Zoolander 2, je crains que la plupart des séances ne soient en VF. Font chier ces distributeurs qui massacrent les comédies.

Jacques Boudinot a dit…

J'ai peur que tu aies raison : mardi matin, seules sont annoncés des copies vf au 6 Rex
et au Pathé Échirolles. Et après ils vont pleurer contre le téléchargement.
Qu'ils commencent par faire correctement leur boulot et on en reparlera.