lundi 22 février 2016

Histoires de fantômes chinois 2 (Ching Siu-tung, 1990)

Tsui Hark aura mis trois ans avant d’entreprendre Histoires de fantômes chinois 2 : le succès fût mitigé auprès du public du premier film. L’ouverture résume en trois minutes le scénario du premier film pour lancer une nouvelle histoire. Le pèlerin Ning (Leslie Cheung) séparé de son maître Yan (Wu Ma) décide de partir méditer en ermite dans un temple éloigné. Ning se retrouve seul dans un village et rentre dans une auberge où les patrons servent de la chair humaine aux clients. Les malheurs continuent de s’abattre pour lui quand la police le prend pour un bandit et l’arrête.

En prison, il fait la connaissance de son compagnon de cellule, Chu Er-long (Ku Feng), un philosophe emprisonné depuis des années à cause de ses livres et poèmes. Barbu, le vieux sage se nourrit de cafards au grand dégoût de Ning. Les semaines passent, la barbe pousse au menton de notre jeune héros quand il comprend qu’il va être exécuté dans la nuit. Un bon repas lui a été apporté, le repas des condamnés. Chu Er-long lui explique tout de go qu’il pourrait s’évader car il avait construit un tunnel.

Ning emporte avec lui un manuel du vieillard et son sceau. Dehors, il saute sur un cheval qui l’attendait là, comme si Chu Er-long avait tout prévu. En vérité, il s’agit de celui de Zhi Tsao (Jacky Cheung). Ce dernier, moine taoïste, poursuit Ning en creusant un tunnel sous la terre. Tous deux terminent dans une demeure en ruine où huit cercueils les glacent d’effroi. Ning en profite quand même pour prendre un bain (et il chante pour faire taire sa peur). Dehors, des fantômes commencent à se manifester.

Pour déconcerter le public et donner un aspect surnaturel, les revenants descendent verticalement dans le cadre en scope au milieu de la forêt, les étoffes colorées contrastent fortement avec la luminosité bleutée, la musique appuie le sentiment de malaise. La scène poétique est typique de la mise en scène de Ching Siu-tung et se démarque de l’univers comique jusque là abordé dans le film. En vérité, il ne s’agit pas de fantômes mais du clan de Chin-fan (Joey Wong) et Yue-chin (Michelle Reis), qui partent libérer leur père, le Seigneur Fu (Lau Siu-ming), injustement arrêté.

Tai-shen est pris pour Chu Er-long. Chin-fan lui demande un oracle. Le jeune pèlerin est frappé par la ressemblance entre Chin-fan et Hsiao Ting, le fantôme dont il était amoureux dans le premier film. Une romance va s’amorcer entre les deux, encore une fois basée sur l’illusion. Tai-shen peut revivre son amour perdu tandis que Chin-fan le prend pour un autre. La tension sexuelle va se développer dans une scène de bain où il va perdre connaissance, elle va le déshabiller pour faire sécher ses vêtements, puis enlever les siens et se coucher nue sur lui pour le réchauffer.

Parlons maintenant des démons qui arpentent le film. Le premier est un monstre dégoûtant, sorte d’ectoplasme gluant armé de piques. La rencontre se fait dans la demeure en ruine et se déroule sur un mode burlesque. Zhi Tsao, en tant que taoïste, inscrit sur la paume de sa main un sortilège pour immobiliser le monstre mais la maladresse de Tai-shen manque de les faire se tuer. Finalement, il tranchera au sabre le monstre, ce dernier contaminera Chin-fan qui se transformera en démon.

Le deuxième monstre est un prêtre bouddhiste impérial (Lau Shun). Avec son cortège, il arpente les lieux. Le vieux prêtre parle avec une voix de vieille sorcière. Sa force semble indépassable. Il jette sur ses adversaires des torrents de flammes, se transforme en bouddha d’or et entonne des chants qui hypnotisent. Il faudra que toute la troupe soit solidaire, que le sabreur Hu (Waise Lee) qui escorte le Seigneur Fu vienne les aider et que maître Yan sorte de son temple d’ermite pour en venir à bout, dans un sublime déferlement d’images bariolées comme seule, en cette époque bénie, la compagnie Film Workshop savait en offrir aux spectateurs charmés.















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