mercredi 24 février 2016

Nahid (Ida Panahandeh, 2015)

Le cinéma iranien devient de plus en plus rare en France (le dernier que j'ai vu est Taxi Téhéran de Jafar Panahi) et les films tournés par des femmes encore plus rares (que deviennent les filles Makhmalbaf d'ailleurs) et les premiers films ne sont pas non plus très fréquents. Ida Panahandeh cumule pour Nahid les raretés à laquelle j'en ajoute une quatrième, son film n'est pas tourné à Téhéran mais dans une petite ville en bord de mer. Une contrée aux nuages gris, à la mer agitée et à la pluie fréquente, cela donne une idée de l'atmosphère dans laquelle les personnages vont évoluer.

Nahid est le nom d'une mère (Sareh Bayat), récemment divorcée, qui élève tant bien que mal son fils Amir Reza (Milad Hassan Pour), dix ans au compteur mais une insolence à chaque phrase. Sans le sou, elle est en retard de son loyer. Le propriétaire, qui n'est autre que le voisin du dessous, a changé les serrures et refuse de donner le nouvelle clé tant qu'elle ne règle pas son loyer. Elle fait quelque petits boulots mal payés. Tout ça pour payer au fils ingrat des cours d'anglais et l'inscrire dans une école privée.

Les lois iraniennes laissent habituellement au père la garde des enfants, surtout des fils, mais l'ancien époux a cédé son droit par le chantage, Nahid ne doit jamais se marier à nouveau. Ahmad (Navid Mohammadzadeh) est un raté, un ancien toxico à l'héroïne, forcé d'épouser Nahid par sa famille. Cela devait le guérir. Grand escogriffe, Ahmad avec ses cheveux bouclés roux, passe en toute inconséquence ses week-ends avec son fils au matches de foot ou à parier de l'argent. Résultat des jeux : Ahmad se fait copieusement casser la gueule par ses créanciers, des petites frappes.

Seulement voilà, Nahid est tombée amoureuse et veut vivre avec Massoud (Pejman Bazeghi), grand gars aux yeux bleus, directeur d'un hôtel, aussi calme et travailleur qu'Ahmad est inconstant et paresseux. Nahid décrit la guerre que mène son héroïne pour vivre librement ses nouvelles amours. Et dans cette guerre, tous les coups sont permis pour faire céder l'autre. La famille d'Ahmad, mais aussi les voisins de Nahid, l'accablent de tous les maux. La fille de Massoud et le Amir Reza se liguent également contre elle.

Ida Panahandeh adopte le point de vue de Nahid, mais avec une distance critique étonnante. Nahid ne sera pas vue comme une sainte. Son héroïne accumulent les erreurs (acheter une beau canapé rouge alors qu'elle n'a pas d'argent), les tromperies (elle échange sa bague de mariée contre de l'argent) et les mensonges dans lesquels elle s'enfonce, la menaçant de ne jamais pouvoir résoudre ses problèmes. Sur un sujet proche, Une séparation d'Ashgar Farhadi était bien plus habile et retors à mener son suspense, souvent insoutenable, à son terme.

Aucun commentaire: