lundi 8 février 2016

Le Roi singe (Jeff Lau, 1995)

Aujourd'hui, les fêtes du Nouvel an lunaire débutent. L'occasion de revenir sur Le Roi singe de Jeff Lau, et surtout pour de faire quelques captures d'écran du film (le texte est quasiment le même que celui que j'avais écrit pour mon ancien blog AsieVision). D'ailleurs, mercredi le dernier film de Soi Cheang sort en France. The Monkey King 2 est une nouvelle adaptation du Voyage vers l'ouest, on imagine que le film sort également à l'occasion du Nouvel an chinois (mais où est passé The Monkey King 1 ?).

Il n'est pas simple de résumer Le Roi Singe. Le film part dans tous les sens et le récit devient plus complexe au fur et à mesure. Le scénario plein de coups de théâtre, de personnages, de batailles. Stephen Chow est bien entendu la star de son film. Il y est ce roi singe arrogant qui défie une déesse. Au lieu d’aller chercher les racines du bouddhisme, c'est-à-dire en Inde, il s’est amusé à faire de nombreuses facéties. La déesse décide de lui retirer son statut de dieu et devra errer cinq cents ans sans mémoire.

Devenu humain sous le nom de Chi Juen-bo, le roi singe est un mortel, chef d’une bande de brigands minables. Le roi singe porte encore les stigmates de son ancienne vie. Ses sourcils se rejoignent, il a des poils partout, y compris sous les pieds. Chi ignore qu’il fut un dieu. Il ne sait pas non plus que la malédiction va bientôt s’achever. Ainsi quand il rencontre deux jeunes et jolies femmes Jing-jing (Karen Mok) et Spider (Nam Kit-ying, il ne se rend pas compte que ce sont deux démones, Jing-jing se transforme en zombie et Spider est une araignée géante.

Les démones le recherchent. Comme le roi taureau (Lu Xu-ming), son beau frère qui veut se venger d’une infidélité. Arrive aussi Fruit du Savoir (Jeff Lau), venu pour aider Chi. Le début du Roi Singe pourrait faire croire à un wu xia pian classique avec des divinités, des moines, des combats (bien réglés par Ching Siu-tung qui imprime fortement de sa marque la mise en scène). Mais très vite on arrive dans le mo tei lo, comme le dit Jing-jing dans un dialogue. Soit le grand n’importe quoi de la comédie absurde et non-sensique.

Pour faire rire avec ses gros gags, Stephen Chow est accompagné par son fidèle Ng Man-tat qui sera l’homme cochon de la légende initiale. Il a aussi oublié son passé, mais un miroir magique révèle la personnalité première de nos héros. L’humour dans Le Roi Singe se décline sur différents niveaux. Bien sûr Stephen et Ng Man-tat en font des tonnes, comme dans la scène où ils apparaissent à moitié à poil, persuadés que les démones ne peuvent les voir. L’humour vient aussi des dialogues d’une belle et saine vulgarité.

Question dialogues drôles, Law Kar-ying, qui interprète le moine gardien de Chi, est grandiose. Il est montré comme un homme pénible, qui ne cesse jamais de parler. L’humour vient évidemment aussi des situations incongrues, des costumes de certains personnages comme celui du Roi Taureau. Il vent aussi des mimiques de tous les acteurs, d'un burlesque enfantin, au moins dans sa première partie, la plus déchaînée. Stephen Chow, véritable auteur du film, ose tout (un gag de pet par exemple pour chasser des soldats) et je l'aime pour ça.

Et puis derrière, se trouve aussi des histoires d’amour contrariées et foisonnantes. A vrai dire, on ne sait plus au bout de deux heures de film qui aime qui. A combien de femmes, Chi a-t-il promis de se marier, l'une des grandes questions de la deuxième partie. Grâce à une boîte de lune, Chi remonte dans le temps, d’abord pour sauver Jing-jing d’une mort certaine, ensuite pour résoudre les problèmes qu’il a engendrés. Jeff Lau effectue deux grands flash-backs dans la deuxième partie, pour rappeler quelques nœuds du récit.

On s’amuse comme des fous à regarder Le Roi Singe. Tout va si vite qu’on peut apprécier chaque morceau du film comme un moment d’anthologie. Un des meilleurs films de Stephen Chow avec son comparse Jeff Lau. Le Roi Singe est sorti à deux semaines de distance au moment du Nouvel An Lunaire 1995. Jeff Lau a tourné une nouvelle version du récit en 2002 avec Tony Leung Chiu-wai. Le film était produit par Wong Kar-wai. Et Stephen Chow a réalisé un magnifique remake en 2013, Journey to the West Conquering the demon, sans jouer dedans, hélas.

Bonne année ! 恭喜發財 !






























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