dimanche 28 février 2016

Dodgeball (Rawson Marshall Thurber, 2004)

Jouer au dodgeball, c'est simple. Il faut respecter la règle des 5 D : « Dodge, Duck, Dip, Dive, and... Dodge » Esquiver, éviter, échapper, s'écarter et esquiver. Un charmant petit film de 1954 en noir et blanc vient expliquer tout ce que l'on toujours voulu savoir sur la balle au prisonnier sans jamais oser demander. Une bel exemple de film parodique où un charmant gamin quitte sa corvée, repeindre la palissade avec de la peinture au plomb, pour aller jouer au dodgeball, un jeu épatant où les plus faibles sont éliminés et les plus forts vainqueurs, comme l'explique, clope au bec, le champion Patches O'Houlihan.

Les clampins qui accompagnent Peter La Fleur (Vince Vaughn) dans le tournoi de dodgeball qui a lieu à Las Vegas sont les clients de sa salle de gym. Ses rares clients. Un faux pirate, vrai tocard qui s'exprime par borborygmes (Alan Tudik), un gringalet qui rêve d'être pom-pom boy (Justin Long), un gros à lunettes mariée à une Chinoise « achetée » sur Internet (Stephen Root), un maigrichon pas futé (Joel David Moore) et l'employé de Peter, fan de fringues fluo (Chris Williams). Pourquoi faire une équipe avec ces losers : pour sauver Average Joe's , la salle de gym menacée par White Goodman.

Ben Stiller incarne ce White Goodman, au patronyme ironique, incarnation d'une Amérique forte et triomphante. Il reprend dans son personnage de belle ordure ce qui faisait le sel de Zoolander, une variation de Mugatu, avec son corps bodybuildé, sa moustache et sa permanente, et ses maillots ridicules qui le moule à l'extrême. Il est le patron de Global Gym, prône le culte du corps et méprise les losers qui entourent La Fleur. Là aussi, des pubs ridicules, parodies de téléachat présentent l'univers aseptisé de Goodman. Le décor de son antre, tout à sa gloire (superbe tableau kitsch où il prend un taureau par les cornes) finit de décrire l'homme.

Tout le récit de Dodgeball tient dans l'affrontement entre les gras du bide et les musclés, entre les losers et les übermenchen, entre les faibles et les forts. Et évidemment, le spectateur a envie que les faibles triomphent des forts, malgré la stupidité de tous. La beauté, la force et les muscles de Goodman sont bien plus grotesques que les efforts des potes de Pete pour tenter de sauver la salle de gym. Quand ils s'humilient, c'est toujours pour la bonne cause, même quand il s'agit de se foutre en slip pour nettoyer le camion d'un pervers. Goodman, lui, demande à ce qu'on lui obéisse sans sourciller. Voilà pourquoi on aime ces losers.

La deuxième moitié de Dodgeball est entièrement consacrée au tournoi de balle au prisonnier. L'équipe de Pete est entraînée par Patches O'Houlihan (Rip Torn), un vrai taré qui jette des clés à molette sur les joueurs. « Tu peux éviter les clés à molette, tu peux éviter les ballons ». Patches, de son fauteuil roulant, vaguement sénile, insulte chaque personnage, notamment Kate (Christine Taylor), la comptable de Goodman qui décide d'aider Pete à gagner le match. Elle est le seul personnage féminin construit, contrairement à une pom-pom girl dont Justin Long est amoureux, ou Fran Stalinovskovichdavidovitchsky, de l'équipe de Goodman.

Les matches sont les meilleurs moments, ou plutôt les scènes qui les entourent. Les costumes des diverses équipes, comme leur nom. Les commentaires des deux journalistes sportifs, Jason Bateman jouant le crétin de service à merveille, ne comprenant rien à rien. Les guest stars qui viennent faire un coucou. David Hasselhoff dans un exercice, désormais habituel, d'autodérision. Chuck Norris et Lance Armstrong viennent donner des leçons de courage (c'était avant que l'un veuille abattre Obama et que l'autre n'avoue son dopage). Ben Stiller fait le show dans le générique final.

















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