lundi 29 février 2016

The Revenant (Alejandro G. Iñárritu, 2015)

Le nouveau film d'Alejandro G. Iñárritu est comme le dernier film de Danny Boyle, quand il se calme, c'est presque regardable. Il met un peu de côté la métaphysique pour les nuls qui a séduit tant de spectateurs avec 21 grammes et Babel, films qui ressemblaient à du Cédric Klapisch (je défie quiconque de ne pas voir que Paris et Babel c'est le même film). The Revenant consiste à torturer pendant plus de deux heures Leonardo DiCaprio. On n'en demandait pas tant. Le cinéaste reprise certaines scènes de Birdman, Michael Keaton en slip à Times Square est ici remplacé par Leonardo DiCaprio à poil qui dort dans un cheval éventré, Keaton qui saute de l'immeuble c'est comme Leonardo qui tombe de la falaise. Les buildings de New York sont ici les arbres immenses des forêts que traverse les personnages, la verticalité des deux films montre l'écrasement de leurs protagonistes. Leonardo DiCaprio comme Michael Keaton ont un parcours à accomplir, l'un a plus de chemin que l'autre à faire, mais tous les deux marchent jusqu'à leur but. The Revenant aurait pu s'appeler Grizzly man.

Le film a de beaux plans de paysage filmé au grand angle, des contre plongées impressionnants sur le ciel, je pense à ce beau plan de la lune légèrement encadrée par les pointes des sapins. Cela donne parfois une étrangeté bienvenue, mais rarement développée. Entre de longues séquences de solitude où Hugh Glass, le nom du personnage de Leonardo DiCaprio qui imite très bien le grizzly qu'il est devenu après avoir été déchiqueté par l'un d'eux. Le thème par excellence d'Alejandro G. Iñárritu est la transcendance qui chez lui se développe par la réincarnation, Leonardo devient littéralement un ours. Le film pour sortir de la torpeur fait rencontrer son trappeur avec quelques personnages qui vont se faire un plaisir de le torturer. La séquence d'ouverture est brutale et forte, celle de maman ours aussi. Cela continue avec des Indiens Aris furieux que des Français aient kidnappé la fille du chef, et Tom Hardy, qui marmonne dans sa barbe encore plus que d'habitude, a été très vilain.

Et la nature, ces forêts de bouleaux (belles comme dans le cinéma soviétique), ces loups de synthèse qui attaquent ces bisons de synthèse (Andy Serkis les joue sans doute en motion capture), cette buée ou ce sang qui vient se mettre sur la vitre de la caméra. Alejandro G. Iñárritu a vu beaucoup de films dans sa vie, comme tous les ânes à listes, il le clame haut et fort. Il cherche à tout prix à s'affronter au réalisme, à faire ressentir le froid, la faim et la peur. Sa méthode est similaire à celle d'Abdelatif Kechiche dans La Vie d'Adèle, une présence au plus près de la caméra du corps de Leonardo DiCaprio, morve et pus compris, mais pas de problèmes intestinaux malgré les repas de racines et de viande crue (n'exagérons pas). Mais tout cela est annihilé par ces feux si beaux, si grands, que les artificiers de la production ont consciencieusement fait flamber au kérosène. Rien n'est plus difficile que de filmer un feu, surtout un arbre qui brûle en plein hiver. Moi je dis, arrêtez de torturer Leonardo, maintenant qu'il a son Oscar, offrez-lui une comédie où il pourra se détendre, et me détendre.

2 commentaires:

Jacques Boudinot a dit…

La bande annonce prévient sans équivoque : The Revenant
pompe sans scrupule Le Convoi Sauvage de Richard Sarafian.
Dans Charlie Hebdo, J. B. Thoret nous apprend qu'en plus
Innarrête tout a aussi pillé les films de Tarkovski.
(Une vidéo du délit serait visible sur le net.)
Après l'épouvantable Birdman, l'escroquerie se poursuit.

Jean Dorel a dit…

Il a aussi choisi le jeune Poulter qui accompagne Hardy dans le périple pour sa ressemblance avec l'acteur de Requiem pour un massacre. Mais, je suis gentil comme Rivette, j'essaie toujours de trouver des choses à dire sur chaque film.