Genèse
de Ricky Bobby : avant même sa naissance, il est placé sous le
signe de la vitesse. Au volant de sa voiture de sport – qu'il
conservera pendant tout le film, son père Reese Bobby (Gary Cole)
file à 170 km/h sur une route de campagne de nuit, à l'arrière sa
mère Lucy Bobby (Jane Lynch), enceinte à terme. Ils dépassent
l'hôpital, le père freine et le bébé naît. A cinq ans, Bobby ne
réclame qu'une seule chose « je veux aller vite ».
Pendant que sa maman achète du lait, il s'empare du volant et fonce
sur les routes, l'enfant hurle « je vais vite ». A 11
ans, à l'école, le jour où les pères viennent expliquer leur
métier, Reese, qui a abandonné sa femme et leur fils depuis dix
ans, débarque dans la classe en racontant que conduire vite permet
de gagner plein de fric et de draguer toutes les nanas.
Applaudissements des élèves et regard navré de l'institutrice.
Will
Ferrell, acteur de génie, aurait très bien pu jouer Bobby Ricky
jeune mais il se contente de l'incarner adulte, un homme qui a
toujours poursuivi un but unique, celui que lui énoncé ce père
absent depuis toujours la dernière fois qu'ils se sont vus à
l'école « si tu n'es pas le premier, tu es le dernier ».
ce but, une seule manière de l'atteindre, une sorte de rêve
américain qu'il partage avec Cal Naughton Jr (John C. Reilly) son
meilleur ami depuis l'enfance est de bosser dans le NASCAR. Pas
pilote, seulement mécanicien pour un sponsor tocard (une boîte
d'alcool de malt). Mais quand le pilote déclare forfait par paresse,
Ricky Bobby devient le roi du circuit. Enfin, il peut aller vite,
très vite. Effectivement, le récit s'accélère au rythme des
courses, Ricky espère que son père viendra un jour le voir et il
réserve deux billets au guichet pour lui, Reese ne viendra jamais.
Le
succès sur les pistes du NASCAR provoquent des changements dans la
vie de Ricky Bobby : il se marie avec une superbe blonde Carley
(Leslie Bibb) qui lui donne deux enfants (incroyable scène du
bénédicité où le repas est composé de junk food, où la prière
est infantile et stupide et où les deux gamins insultent le
grand-père), il gagne toutes les courses et gagne beaucoup de pognon
en faisant de la pub tandis que Cal doit se contenter d'être le
second de la course, les deux amis sortant à chaque occasion leur
rengaine sur leur amitié éternelle par un « shake 'n bake ».
Une amitié où Ricky domine Cal. Adam McKay décrit une société où
les crétins règnent en maîtres sur les Etats-Unis, ici les états
du sud, la violence , l'ignorance, la bigoterie, tout est passé à
la moulinette dans une description à la fois réaliste (et souvent
surréaliste) et absurde de ces winners : une Amérique
dégénérée, un cauchemar américain.
Le
scénario de Ricky Bobby roi du circuit est un décalque de
celui de La Légende de Ron Burgundy présentateur vedette.
Après avoir vécu la belle vie, il se voit confronter à un
adversaire de taille, non pas une femme comme à la télé de San
Diego, mais un homme, français et gay, Jean Girard (Sacha Baron
Cohen) avec un accent français à couper au couteau. Ce pilote va
détrôner Ricky, causer sa séparation d'avec Carley qui se met avec
Cal et amorcer la fin de son succès. Pourris gâtés, Ricky et ses
deux sales gosses se retrouvent chez sa mère Lucy qui va tout faire
pour les rééduquer, là le film commence à patiner dans un retour
moral : bonne éducation, respect familial, amour de son
prochain, nouveau couple pour Ricky avec sa gentille assistante Susan
(Amy Adams). Si ce retour moral est l'objet de critiques par Adam
McKay et Will Ferrell, scénaristes du film, il demeure bien moins
drôle, percutant et novateur.
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