vendredi 26 janvier 2018

A dirty shame (John Waters, 2004)

L'élasticité de Tracey Ullman est l’atout de A dirty shame comme de Escrocs mais pas trop de Woody Allen (finalement l'actrice n'aura fait que ces deux films avant de poursuivre sa carrière dans le stand-up). Une élasticité de comportement comme de son corps. Femme très vulgaire chez Woody Allen qui partait à la conquête du grand monde grâce à ses cookies, femme coincée dans son puritanisme chez John Waters. Elle est Sylvia Stickles employée modèle d’un restaurant et travaille avec son mari Vaughn (Chris Isaak) et sa maman Big Ethel (Suzanne Shepherd).

Cette dernière mène une croisade dans son lotissement de Baltimore contre la sexualité, toutes les sexualités et sa fille la suit bien volontiers dans cette voix puritaine. Derrière leur maison, Sylvia a enfermé sa fille Caprice (Selma Blair) surnommée par ses fans Ursula Udders. Caprice a une paire de seins XXL et s'habille très court. Très très court. Ce qu'aime par dessus tout Caprice est de s'exhiber en place publique. Pour l'instant, elle ne peut pas sortir, prisonnière dans sa cabane où l'un de ses fans, obsédé par les gros nichons, cherche à pénétrer. Sylvia, l'air pincé, le mot désagréable, intervient pour chasser l'intrus.

C'est un peu un catalogue de toutes les sexualités que John Waters détaille dans son film. Du point de vue de Sylvia et Big Ethel, ce ne sont que des perversions. A côté de sa maison, une famille d'ours vient s'installer, trois gays poilus au gros bidon, plus loin, elle apprend qu'un de ses employés aime lécher la saleté, ailleurs, le shérif adore s'habiller en bébé et d'autres facéties sont décrites dans A dirty shame qui révulsent Big Ethel qui lance un mouvement de purification sexuelle avec quelques voisines dont Marge campée par Mink Stole habituée de l'univers de John Waters.

Deux camps s'affrontent, les coincés du cul et les accrocs au sexe dont le leader charismatique est Ray Ray (Johnny Knoxville), garagiste de métier. Son slogan est « let's go sexing ». L'acteur vedette de la série de cascades Jackass, créée par Jeff Tremaine et Spike Jones, est aussi élastique que Tracey Ullman. Leur rencontre se fait au bord de la route, Sylvia reçoit un choc sur la tête et devient tout à coup une vraie nymphomane troquant sa tenue stricte pour un ensemble léopard du plus effet. Ray Ray reconnaît en elle une membre de son mouvement sexuel.


Pour son dernier film à ce jour, John Waters ne lésine pas sur la vulgarité (des cartons apparaissent sur l'écran : W.H.O.R.E. par exemple) et enfonce le clou sur la liberté sexuelle. On reconnaît dans cette église de conversion sexuelle (rendre les accrocs des coincés) deux de ses actrices fétiches, Patricia Hearst et Mary Vivian Pearce, déchaînées comme des belles diablesses pour foutre le bordel. Dans cet univers foutraque où les amateurs de sexe emportent la partie, tout est un peu décousu (le caméo de David Hasselhoff) mais souvent marrant.
























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