mercredi 24 janvier 2018

La Fiancée de Frankenstein (James Whale, 1935)


Mais qui peut bien incarner cette fiancée de Frankenstein demande le générique de cette suite tardive (4 ans après malgré l'immense succès mais d'une longueur encore très brève, 71 minutes). Encore une fois un point d'interrogation remplace le nom de l'actrice, mais si à la fin du générique de Frankenstein, le nom de Boris Karloff est écrit, à la fin de La Fiancée de Frankenstein la question demeure, en tout cas pour le spectateur de 1935.

Cette fiancée ne vient que dans les dix dernières minutes et avant cela, James Whale a une idée géniale : replonger dans la genèse même du récit, c'est-à-dire s'immiscer dans l'intimité de Mary Shelley (Elsa lanchester), l'auteur du roman. Dans son château gothique (qui ressemble beaucoup à celui dans lequel Henry Frankenstein menait ses expériences, l'écrivaine passe une soirée avec son époux, le poète Percy Shelley (Douglas Walton) et Lord Byron (Gavin Gordon).

Ce dernier demande à Mary Shelley de raconter comment cette histoire lui est venu. C'est le moment idéal, l'orage gronde et les éclairs se déchaînent. Mieux que cela, elle a imaginé une suite à cette histoire, James Whale va la raconter. Et ce sera Elsa Lanchester, reconnaissable à sa fossette au menton, qui jouera la compagne du monstre en fin de film, une fiancée récalcitrante qui ne voudra pas convoler en noces avec Boris Karloff.

Ce qu'apporte La Fiancée de Frankenstein et qui manquait tant à Frankenstein est une bonne dose d'humour grâce à Una O'Connor, petite bonne femme sèche à la voix de crécelle. Elle a pour fonction d'être la Cassandre, d'annoncer les malheurs de la communauté. Personne ne veut l'écouter, que ce soit dans sa volonté de finir de brûler le moulin où le monstre est enseveli ou quand elle déclare qu'il est toujours vivant.

Elle a raison, il s'est réfugié sous le moulin, dans l'eau et il revient pour se venger de son créateur qui a du mal à se remettre de ses expériences. Si Colin Clive rempile en tant que Henry Frankenstein, son épouse Elizabeth est désormais jouée par Valerie Hobson. Le film reprend son récit pile au moment où les noces doivent avoir lieu. Plus question pour elle qu'il recommence à défier Dieu et donne vie à une patchwork de cadavres.

C'est sans compter sur le Dr. Pretorius (Ernest Thesiger). C'est sans aucun doute lui le personnage principal de La Fiancée de Frankenstein, il lance le nouveau récit, celui de la création d'une compagne pour le monstre. James Whale présente un nouveau personnage en marge (sans doute Juif, il porte une kipa) et aux manières délicates mais étonnantes, comme déjeuner dans la crypte des mets raffinés entourés de cercueils et de crânes.

L'une des plus belles séquences a lieu dans le laboratoire du Dr. Pretorius. Il montre à Henry Frankenstein l'avancée de sa technologie et cela coïncide avec l'avancée des effets spéciaux à Hollywood. En l'occurrence, cinq personnages miniatures, des lilliputiens ont été créés par le savant et James Whale et son équipe les filment à côté des personnages grandeur nature, l'effet est merveilleux dans ces mélanges d'échelle.


Mais, il faut bien que Boris Karloff, en tête d'affiche ait une partition. Il devient parfois gentil et devient ami avec un aveugle qui lui apprend à parler et à vivre en société. L'impression que le monstre est devenu un grand bêta s'amplifie, tant de gentillesse est écœurante. Il faudra donc tout le dégoût de sa fiancée quand elle découvre l'homme qu'il est devenu pour que le film atteigne son sommet horrifique dans la scène géniale des fiançailles ratées.




























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