mardi 30 janvier 2018

J'ai aussi regardé ces films en janvier

Three billboards outside Ebbing, Missouri (Martin McDonagh, 2017)
Il existe un réel exotisme à filmer le sud profond, ces rednecks, hillbillies et ploucs qui peuplent cette Amérique blanche et fière de l'être. Le langage est fleuri (Nigger et Fuck toutes les 10 phrases), bourré d'un accent typique (on est dans le Missouri qu'on prononce Mizouri) et Woody Harrelson poursuit son jeu élaboré dans True detective saison 1, le modèle de Three billboards. Parfois le cinéma tente, comme ici, de produire un récit très foisonnant qui passerait bien mieux à la télévision dans une série télé, c'est un peu le dilemme d'un certain cinéma aujourd'hui. Le scénario de Martin McDonagh ne cesse jamais de se déplacer d'un personnage à un autre et de lâcher des retournements scénaristiques (tiens, et si Woody avait un cancer, et si Sam défenestrait l'imprimeur). A l'inverse, il retranche du personnage de Sam Rockwell ce qui constitue son identité sexuelle. Suffit-il de faire écouter une chanson d'Abba ou de l'opéra pour signifier qu'il est un homo refoulé ? Qu'il est amoureux de l'imprimeur qui fabrique les affiches à moins que ce ne soit de son patron ? Est-ce pour cela que le plus grand retournement du film, son passage de petit suprémaciste blanc à gentil garçon brûlé me laisse perplexe ? Sans aucun doute, je ne dois pas aimer l'exotisme.

The Greatest show (Michael Gracey, 2017)
A Bollywood, la valeur d'un film tient, pour les spectateurs et les critiques, à l'argent dépensé dans les décors et les costumes qui permettent de sublimer les longues chansons. Si on appliquait ce critère à The Greatest show, il serait le meilleur film américain de l'année. Les chansons vives et colorées, armées de chorégraphie moderne et d'arrangements pop, ont été écrites par le duo Pasek & Paul, inconnus en France, stars de Broadway (ils ont tout raflé pour la comédie musicale Dear Evan Hansen). Le film n'a pas le génial kitsch de Baz Luhrman (le film ressemble parfois à Moulin Rouge!) et les danses restent mécaniques comme dans Hairspray d'Adam Shankman. Deux morceaux sont très bons mais sinon le message est asséné avec un marteau piqueur : effaçons nos différences, nous sommes tous humains et nous avons tous un cœur. Paradoxalement, le film montre des freaks du cirque Barnum mais non seulement aucun de ces personnages n'existe mais il est d'une pudibonderie incroyable. Pas un seul bout de peau, pas un poil (ceux de Hugh Jackman et Zac Efron, seuls personnages développés), pas une fesse à l'écran. Ne parlons même pas de la question de genre totalement absente et de la vie amoureuse (c'était le sujet de Freaks de Tod Browning). Seulement des beaux décors et des beaux costumes. A cela, il faut ajouter une vision étriquée de la critique contre le goût populaire dans un jeu de dupes pas très malin.

Pentagon papers (Steven Spielberg, 2017)

Dès que je sais quoi penser du dernier Spielberg, je fais signe. Mais le bon souvenir de Spotlight est trop présent pour que j'aime les étranges minauderies de Meryl Streep qui semble avoir garder l'accent de Miss Maggie. Je lis, surtout dans les Cahiers du cinéma, des éloges sur le film où tout est vrai mais cela ne suffit pas à me convaincre. La ligne claire avec laquelle Steven Spielberg (comme dans une bande dessinée) a l'habitude de mettre en scène ses films se substitue à un grand nombre de situations similaires. Cela dit, comme Brian et Francis, le cinéaste a fait son film sur le Viet Nam, loin des combats sauf dans la séquence d'ouverture, une vision passionnante mais très aristocratique. C'est terrible mais j'ai vu le film il y a quatre jours et je l'ai déjà oublié, comme c'était déjà le cas avec Lincoln.

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