Three
billboards outside Ebbing, Missouri (Martin McDonagh, 2017)
Il
existe un réel exotisme à filmer le sud profond, ces rednecks,
hillbillies et ploucs qui peuplent cette Amérique blanche et fière
de l'être. Le langage est fleuri (Nigger et Fuck toutes les 10
phrases), bourré d'un accent typique (on est dans le Missouri qu'on
prononce Mizouri) et Woody Harrelson poursuit son jeu élaboré dans
True detective saison 1, le modèle de Three billboards.
Parfois le cinéma tente, comme ici, de produire un récit très
foisonnant qui passerait bien mieux à la télévision dans une série
télé, c'est un peu le dilemme d'un certain cinéma aujourd'hui. Le
scénario de Martin McDonagh ne cesse jamais de se déplacer d'un
personnage à un autre et de lâcher des retournements scénaristiques
(tiens, et si Woody avait un cancer, et si Sam défenestrait
l'imprimeur). A l'inverse, il retranche du personnage de Sam Rockwell
ce qui constitue son identité sexuelle. Suffit-il de faire écouter
une chanson d'Abba ou de l'opéra pour signifier qu'il est un homo
refoulé ? Qu'il est amoureux de l'imprimeur qui fabrique les
affiches à moins que ce ne soit de son patron ? Est-ce pour
cela que le plus grand retournement du film, son passage de petit
suprémaciste blanc à gentil garçon brûlé me laisse perplexe ?
Sans aucun doute, je ne dois pas aimer l'exotisme.
The
Greatest show (Michael Gracey, 2017)
A
Bollywood, la valeur d'un film tient, pour les spectateurs et les
critiques, à l'argent dépensé dans les décors et les costumes qui
permettent de sublimer les longues chansons. Si on appliquait ce
critère à The Greatest show, il serait le meilleur film
américain de l'année. Les chansons vives et colorées, armées de
chorégraphie moderne et d'arrangements pop, ont été écrites par
le duo Pasek & Paul, inconnus en France, stars de Broadway (ils
ont tout raflé pour la comédie musicale Dear Evan Hansen). Le film
n'a pas le génial kitsch de Baz Luhrman (le film ressemble parfois à
Moulin Rouge!) et les danses restent mécaniques comme dans
Hairspray d'Adam Shankman. Deux morceaux sont très bons mais
sinon le message est asséné avec un marteau piqueur : effaçons
nos différences, nous sommes tous humains et nous avons tous un
cœur. Paradoxalement, le film montre des freaks du cirque Barnum
mais non seulement aucun de ces personnages n'existe mais il est
d'une pudibonderie incroyable. Pas un seul bout de peau, pas un poil
(ceux de Hugh Jackman et Zac Efron, seuls personnages développés),
pas une fesse à l'écran. Ne parlons même pas de la question de
genre totalement absente et de la vie amoureuse (c'était le sujet de
Freaks de Tod Browning). Seulement des beaux décors et des
beaux costumes. A cela, il faut ajouter une vision étriquée de la
critique contre le goût populaire dans un jeu de dupes pas très
malin.
Pentagon
papers (Steven Spielberg, 2017)
Dès
que je sais quoi penser du dernier Spielberg, je fais signe. Mais le
bon souvenir de Spotlight est trop présent pour que j'aime
les étranges minauderies de Meryl Streep qui semble avoir garder
l'accent de Miss Maggie. Je lis, surtout dans les Cahiers du cinéma,
des éloges sur le film où tout est vrai mais cela ne suffit pas à
me convaincre. La ligne claire avec laquelle Steven Spielberg (comme
dans une bande dessinée) a l'habitude de mettre en scène ses films
se substitue à un grand nombre de situations similaires. Cela dit,
comme Brian et Francis, le cinéaste a fait son film sur le Viet Nam,
loin des combats sauf dans la séquence d'ouverture, une vision
passionnante mais très aristocratique. C'est terrible mais j'ai vu
le film il y a quatre jours et je l'ai déjà oublié, comme c'était
déjà le cas avec Lincoln.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire