dimanche 30 décembre 2018

Ringo Lam (1955 - 2018)



L'un des meilleurs cinéastes de Hong Kong de la décennie glorieuse (1985 – 1995) est mort samedi 29 décembre 2018. Ringo Lam a commencé, comme Tsui Hark, par des petits films de commande, des comédies romantiques, sans réel succès. Autant dire que rien dans ces films, désormais oubliés, ne laissaient présager la rage qu'il allait dégager plus tard. Les deux cinéastes ont bossé, avant d'acquérir leur indépendance éditoriale, pour Samuel Hui est sa série des Mad mission, immense succès de comédie d'espionnage. Tsui Hark s'est chargé (après Eric Tsang) du 3ème épisode (du burlesque de bas étage) et Ringo Lam du N°4, film sorti en France sous le titre Rien ne sert de mourir. Ringo Lam pour ce Mad mission IV relève le niveau et propose un film d'action plus sérieux, plus mature où seul compte le rythme.

C'est en 1987 que sa carrière prend un nouveau tournant avec le début de sa trilogie des « on fire ». City on fire (avec Chow Yun-fat et Danny Lee), Prison on fire (avec Tony Leung Ka-fai et Chow Yun-fat, le meilleur des trois, le film aura une suite) et School on fire impriment dans les légende des films où la violence n'est pas seulement physique mais aussi psychologique, les films sont souvent cités en exemple, des scènes particulières (la révolte des prisonniers dans Prison) sont recopiées, pastichées et parodiées dans ce cinéma de Hong Kong qui ne cesse de vouloir recréer les succès qu'il engendre. City on fire a inspiré Reservoir dogs de Quention Tarantino. Il faut espérer qu'un jour ces films sortent en vidéo dans de bonnes conditions en France, ce sont des polars essentiels en ce qu'ils montrent un monde que le cinéma actuel à Hong Kong, à cause des co-productions chinoises, ne veut plus voir.

Les liens entre Tsui Hark et Ringo Lam ne cesseront jamais. Ils réalisent ensemble un comédie « américaine » (en fait tournée au canada) pour Jackie Chan, Twin dragons (on l'aperçoit dans le décor final jouer aux cartes avec Tsui Hark et Ng See-yuen). Ringo Lam sera embauché par la Film Workshop, la compagnie de Tsui Hark, pour tourner l'un des films de sabres les plus sombres des années 1990, Le Temple du Lotus rouge, un film nihiliste, comme il avait pu le montrer dans ses films on fire, mais le tout n'est pas très réussi et le film sera un énorme bide. En 2007, ils tourneront avec Johnnie To Triangle, récit en forme de cadavre exquis. Les deux cinéastes ont fait l'expérience de Hollywood avec la case obligatoire par Jean-Claude Van Damme. Un parcours en Amérique évidemment raté mais, contrairement à Tsui Hark ou John Woo, dont il ne se remettra jamais.

Comme je le disais plus haut, voir des films de Ringo Lam aujourd'hui est très difficile parce qu'il n'ont jamais été édité comme il faut, jamais réédité (les deux Prison on fire sont hors de prix) ou jamais sortis en vidéo comme Full contact en 1993 génial film de vengeance d'une grande noirceur et qui décrit un monde dégueulasse (son chef d’œuvre dépressif) puis Full alert en 1997 avec Lau Ching-wan, autre grand film sur un homme en pleine déprime. Ces deux films sont des reflets de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, ils aussi importants dans le cinéma de l'ancienne colonie, aussi précis dans la description de cette vie à cette époque, que les films du Nouvel Hollywood. Encore une fois, il faut souhaiter que certains éditeurs permettent de découvrir à nouveau Ringo Lam, ses bons films surtout où les meilleurs acteurs de Hong Kong ont joué, histoire qu'on ne soit pas que quelques happy few.


Pour continuer sur Ringo Lam, j'avais commenté plusieurs de ses films sur mon ancien blog AsieVision.

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