jeudi 20 décembre 2018

Les Fous du stade (Claude Zidi, 1972)

D'un film à l'autre, Claude Zidi transforme ses Bidasses en folie en Fous du stade. En 1972, les Jeux olympiques eurent lieu, non pas dans la France provençale où a été tourné le film mais à Munich – des jeux de sinistre mémoire. Ici, pour se distinguer, le scénario évoque des Jeux athlétiques, le logo n'est pas le même que celui des JO, les 5 cercles sont remplacés par 5 A. Cependant la tradition de porter la flamme reste présente, d'athlète en athlète, à travers la campagne avec de nombreux obstacles (la pluie par exemple, un parapluie doit protéger la flamme mais le parapluie commence à brûler).

Dans le village charmant et ensoleillé de Graveson où se déroule les aventures de nos quatre Charlots (Luis Rego a quitté le navire), on se prépare au passage du porte flamme. Lucien (Gérard Croce) le fiston obèse de l'épicier est en haut d'une échelle à accrocher des fanions colorés entre les platanes. Son père est Julien Lafougasse (Paul Préboist), l'épicier également responsable du comité des fêtes, on imagine qu'il a des responsabilités au sein de la mairie. L'acteur tient ici son rôle le plus important au cinéma, presque un premier rôle, campe un sympathique papa protecteur car le fiston est enquiquiné par les joueurs de pétanque.

Mais il tente surtout de protéger sa fille Délice (Martine Kelly) de fous de mobylette que sont Gérard, Jean-Guy, Jean et Phil. Tels les quatre chevaliers de l'Apocalypse, ils entrent en vitesse et dans la furie sur la place du village, effrayant les mémés, enlevant les robes des jeune femmes, détruisant les farandoles de fanion de ce pauvre Lucien. Martine Kelly ressemblait à Marion Game, les prénoms de leur personnage sont assez proche, de Crème à Délice, c'est tout de même un curieux choix même s'il exprime ici encore une fois, et la douceur, et la sensualité auxquelles sont sensibles les quatre garçons.

C'est Gérard Rinaldi qui a ses faveurs, le coquin vient faire ses courses à l'épicerie et c'est parti pour la gauloiserie la plus triviale, cet humour sexiste qui encombre les films des Charlots. Délice n'est sensible au charme de Gérard que le temps de la préparation de la fête, dès que le porte flamme (Patrick Gille) débarque au village en short et maillot, elle tombe en pâmoison et délaisse son Charlot, bien penaud avec ses trois potes sur l'estrade du village en train de jouer de la musique pour accueillir le préfet tandis que l'athlète et Délice se regardent langoureusement, comme des adolescents. Forcément, Gérard et ses amis vont se comporter en gamins.

Le gag les plus accompli des Fous du stade, celui dont je me suis toujours souvenu depuis mon enfance, est visuel et en plusieurs temps : celui de la statue. Le transport de la statue provoque quelques désagréments. Ils doivent aller chercher cette statue pour la fête du passage du porte flamme. C'est une œuvre moderne et abstraite. Pas de chance, elle tombe du camion et se brise en mille morceaux, peu importe les Charlots remodèle la statue désormais plus antique et concrète. Le transport continue et quand un pont est trop bas, la statue à l'apparence humaine baisse la tête pour échapper à une nouvelle destruction. Astucieux.


Pour le reste, les gamineries et tout ce qu'elles trimballent, c'est le fond de commerce des Charlots. La jalousie de Gérard prend le dessus et c'est ce qui pousse les quatre amis à faire les jeux athlétiques. Les autres personnages sont sacrifiés, ils ne sont que les faire-valoir de Gérard Rinaldi, quel que soit le sport accompli. Seule son histoire compte et c'est Gérard qui aura le dernier gag, celui du marathon contre le porte flamme, l'un et l'autre pris dans du plâtre – pour différentes raisons. Mais Délice se lasse finalement de Gérard et de l'athlète et veut finir avec le Maillot Jaune qu'incarne le temps d'un plan le chanteur Antoine.




















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