jeudi 1 septembre 2016

I love you Phillip Morris (Glenn Ficarra & John Requa, 2009)

L'image de Jim Carrey qui apparaît au premier plan de I love you Phillip Morris, dans une blouse d'hôpital allongé sur un lit, renvoie au talent dramatique de l'acteur (Man on the moon de Milos Forman en 1999 comme Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry en 2004), un personnage malade. Puis, on le découvre en policier évoquant sa puissance comique comme dans Fous d'Irène des frères Farrelly (2000). Enfin, la voix off intérieure se présente. Il est Steven Russell, un bon père de famille, marié à Debbie (Leslie Mann) à qui il fait l'amour en pyjama, un bon chrétien qui joue de l'orgue à l'église.

Tout ce beau portrait d'une vie bien rangée est vite mis à la poubelle. Enfant, Steven apprend qu'il a été adopté. Et quand il jouait avec les petits voisins à imaginer les formes des nuages, il ne voyait pas des nounours ou des fleurs, mais un sexe en érection. On est un peu dans l'idée narrative du Roman d'un tricheur de Sacha Guitry où le héros raconte sur un ton placide et ironique tout le mal qu'il a fait dans sa vie. Tout ça parce qu'il ne résiste pas au plaisir d'offrir à l'homme qu'il aime une vie de luxe et de volupté. Steven quitte sa femme pour vivre avec Jimmy (Rodrigo Santoro), un bel éphèbe aux abdos saillants.

C'est peu de dire que Glenn Ficarra et John Roqua ont eu beaucoup de difficultés à parvenir à faire leur film. Les studios ne voulaient pas voir Jim Carrey en homosexuel prédateur et escroc. C'est donc Luc Besson qui a financé le film. Et pour être homo, Steven l'est. Gay, gay, gay, dit-il tandis qu'il chevauche en levrette un moustachu, tout en sueur et extase. Et avec Jimmy, il promène fièrement leurs chihuahuas sous le soleil de Floride. Pour mener une vie de luxe, Steven ne compte pas sur son petit boulot de magasinier, il élabore des plans d'arnaque à l'assurance. Il a volé tant d'argent qu'il se fait arrêter et se retrouve en prison.

Les deux cinéastes nous font croire deux minutes que la prison pourrait ressembler à celle de Oz. Mais c'est le lieu, au contraire, de l'épanouissement amoureux de Steven dès qu'il rencontre Phillip Morris (Ewan McGregor), petit blond timide et crédule qui a passé sa vie à se faire avoir par ses amants. Steven va prendre soin de lui. Les lettres enflammées vont circuler de main en main, de couloir en couloir, d'un bloc à un autre pour garder le contact. Steve, même en taule, a de l'entregent. Il réussit à se faire muter dans la cellule de Phillip. C'est le temps des mamours, de la tendresse et des steaks en forme de cœur spécialement cuisinés pour eux.

Le petit nid douillet de la prison, c'est mignon, mais ça n'est pas assez pour Steven. C'est là que le génie de Jim Carrey se décuple avec une flamboyance inégalée. Pour s'évader puis pour assurer le train de vie qu'il promet à Phillip, il multiplie les rôles, avocat pour faire libérer son amoureux, homme d'affaires pour avoir un poste bien rémunéré. Allers retours en prison, évasions à gogo sur un rythme effréné proche du cartoon. Et puis, la grande vie, les belles bagnoles, la villa luxueuse. Phillip, tout en naïveté, est heureux jusqu'à ce que tout s'effondre. Retour à la prison, retour à des plans d'évasion. C'est un festival de twists et, pour une fois, j'en redemande.

























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