mardi 13 septembre 2016

Pour l'amour du ciel (Sam Taylor, 1926)

Après deux Zulawski bien costauds et avant d'attaquer Sur le globe d'argent, je reviens à des choses plus calmes, plus reposantes et plus courtes. Dans Pour l'amour du ciel (55 minutes au compteur), Harold Lloyd joue un milliardaire inconséquent (un peu dans la veine de Faut pas s'en faire où il partait se dorer la pilule dans une île en pleine révolution) et passionné de voitures. On le découvre sur une photo que regarde ses amis, milliardaires eux aussi, qui affirment que Harold s'est acheté un bolide qui aille avec le gris de son pantalon. La voiture ne durera pas longtemps, elle est vite emboutie. Mais comme l'accident a eu lieu devant un concessionnaire, il descend du véhicule, entre dans le magasin, s'installe au volant de l'automobile que les clients regardent avec envie, signe le chèque et sort aussi sec. Et aussi sec itou, un deuxième accident, qui fait les gros titres des journaux. 10000$ dépensés et deux voitures cassées en une heure.

Cet article ne passe pas inaperçu aux yeux de Hope (Jobyna Ralston), fille d'un pasteur installé dans un quartier pauvre de Los Angeles gangrené par la délinquance. Elle écrit à Harold pour lui demander de l'argent : il pourrait aider la mission plutôt que de le dépenser dans des bagnoles. La lettre finit à la poubelle à cause d'un secrétaire récalcitrant mais par une coïncidence certaine, Harold se retrouve à faire un chèque au pasteur qui aide à ouvrir un centre d'accueil. Comme il se doit, il va tomber amoureux de Hope. La partie romantique de Pour l'amour du ciel est nunuche à souhait. Harold n'a d'yeux que pour la belle fille de pasteur et n'ose jamais la contredire. Les gags sont tout au plus mignons, comme celui où elle distribue des biscuits et que, par malchance, Harold doit croquer, avec un grand sourire forcé, dans un poudrier de maquillage puis dans une éponge ou cette fausse plage sous la lune, en fait un chantier éclairé par un néon.

Les meilleurs gags sont dans la confrontation entre les bas-fonds peuplés de solides gaillards aux trognes pas possibles et patibulaires (mais presque) et Harold qui n'a pas encore compris qu'il a affaire à des gangsters. Deux courses poursuites rythment le film. La première quand Harold attire tous les gangsters dans la mission, le groupe de poursuivants ne cesse d'augmenter à chaque coin de rue (coups de pied au cul à gogo). La deuxième est plus réussie et ressemble à celle ultra rythmée et rapide de Ça t'la coupe). Cinq gangsters ont picolé (on est en pleine prohibition) et, revêtus de leurs beaux costumes pour le mariage de Harold et Hope, ils tentent de retourner à la mission. Les soûlards font penser à ces chatons indisciplinés qui partiraient dans tous les sens et que Harold doit guider sains et saufs au milieu du trafic, voitures, vélos, tramways. Les dix dernières minutes sont poilantes.


















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