dimanche 25 septembre 2016

Gosses de Tokyo (Yasujiro Ozu, 1932)

Les deux jeunes héros de Gosses de Tokyo aiment beaucoup l’école. Ils aiment y aller, ils aiment en revenir, c’est entre les deux qu’ils aiment moins, disent-ils sérieusement à leurs parents amusés. Le père vient d’emménager dans un pavillon de banlieue et habite désormais dans le même quartier que son patron. La mère prépare aux deux frères leur bento pour le repas du midi. Direction l’école mais ils rechignent quand ils font face à une bande de sept écoliers avec lesquels ils s’étaient déjà disputés. Les deux gamins décident de faire l’école buissonnière mais, pour pas se faire gronder par les parents, notent eux-mêmes leur devoir de calligraphie. Le père l’apprend par l’instituteur et leur fait la morale : pour être important, il faut aller à l’école.

Etre important est donc le sens de la vie dans ce Japon de 1932. Les règles sont les mêmes pour les écoliers comme pour les employés. Yasujiro Ozu compare le travail à l’école et le boulot des salarymen. Avec quelques travellings latéraux, il passe d’un lieu à un autre montrant des attitudes similaires et de la lassitude à respecter ces règles intangibles apprises depuis toujours. Par exemple, tous font de la gym, les enfants obéissent comme des soldats. On découvre que le patron a filmé ses employés en train de faire des exercices mais aussi le père en train de faire des grimaces. Cela navre les deux enfants qui en concluent que leur père n’est pas un homme important : il amuse la galerie mais pas du tout ces deux fils. Cela les chagrine d’autant plus que le fils du patron est l’un de leur camarade de classe et qu’il est dans le gang ennemi.

Le film est clairement divisé en deux parties. La première montre les enfants vivre dans la confrontation avec leurs sept autres camarades : bagarres, menaces, peur, rejet. En dehors de l’école, ils ont leur propre code (un doigt pointé, tu meurs, une paume en avant, tu revis) qui établit la hiérarchie et que les parents ne peuvent pas comprendre. Galvanisé par leur père, les deux frères vont évincer le chef de bande et prendre le pouvoir. Mais déçu par la position sociale de leur père, ils vont décider d’imposer leur règle au foyer et d’affronter leur père, notamment avec une grève de l’obéissance. Cette deuxième partie montre avec mélancolie, mais également beaucoup d’humour, le dur apprentissage des règles sociales. La scène finale de Gosses de Tokyo est tout en tendresse où tous les enfants deviennent amis. Mais on sent que le cinéaste n’est pas dupe de cette entente soudaine et forcée.

















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