jeudi 15 septembre 2016

J'ai aussi regardé ces films en septembre

Le Fils de Jean (Philippe Lioret, 2016)
Dans Toutes nos envies, Vincent Lindon passait son temps à faire le trajet Valence-Lyon et à s'arrêter sur l'autoroute pour faire une pause restaurant, ce qui sur une distance d'à peine 100km et d'une durée d'à peine une heure semblait bien forcé, tout ça pour permettre de longues discussions. Inversement, dans Le Fils de Jean, non seulement son personnage principal s'achète un billet Paris-Montréal au dernier moment sans que le scénario ne pose le souci du coût (on a tous 1500€ sur son compte pour partir au dépoté). Ensuite, avec son hôte il quitte Montréal pour aller, en voiture, au bord d'un lac. Là, il semble complètement passer à côté de l'impression de longue distance (ce qui était gravé dans Guibord s'en va-t-en guerre) qui aurait permis de faire de longues discussions entre deux personnages qui ne se connaissent pas. Au lieu de ça, le cinéaste se contente de faire entendre des conversations secrètes où le fils de Jean tombe pile au bon moment, d'échanger un objet qui permet de reconnaître qui est le vrai père de Jean (au cas où on n'aurait pas compris). Bref, ces petits problèmes de topographie sont toujours ces détails qui déraillent dans le cinéma de Philippe Lioret, parfois le réel refuse de coïncider avec le réalisme.

Frantz (François Ozon, 2016)
En 1932, Ernst Lubitsch tournait son unique mélodrame, Broken lullaby dont s'inspire Frantz. Le titre français en était L'Homme que j'ai tué et Lubitsch annonçait immédiatement que son héros avait tué l'autre. Dans Frantz, François Ozon fait durer plus longtemps le suspense et passe du noir et blanc à la couleurs pour ses scènes parisiennes, au Musée du Louvre, où sa mise en scène laisse supposer que le secret de Pierre Niney est qu'il aurait pu être l'amant de Frantz. Passé cela, le film déroule les regards fébriles et le souffle haletant de son acteur, la routine quoi.

Ben-Hur (Timur Bekmambetov, 2016)
Une seule séquence est réussie dans cet horrible remake du pudding antédiluvien de Charlton Heston : non pas celle de la course de char d'un ennui mortel, mais celle où Judah Ben-Hur se trouve dans les galères. Les navires romains se trouvent pris dans une bataille maritime et le point de vue est entièrement celui de Ben-Hur en train de ramer. La vision sur la bataille est limitée du fond de la cale, il faut presque reconstituer les scènes aperçues depuis les brèches du navire. Le sang des soldats gicle sur les esclaves, les flèches tombent sur leur corps et le bateau s'éventre. On retrouve la Timur's toch quelques minutes. Le duo d'acteurs Ben-Hur Messala joue terriblement mal, il paraît que c'est le petit fils de John Huston qui débite ses dialogues de Ben-Hur avec la voix de Christian Bale. Le film touche au nanar dans les quatre scènes où Jésus apparaît. Impossible de ne pas rire de nervosité devant cet étalage de bondieuserie à la louche sur un pain azyme, d'autant que Jésus est incarné par Rodrigo Santoro qui jouait Jimmy le premier amant de Jim Carrey dans I love you Phillip Morris. Contrairement au chef d'œuvre de Timur, le si bien nommé Abraham Lincoln chasseur de vampires, film complètement dingos et merveilleusement vulgaire, Ben-Hur est d'une platitude visuelle incroyable, comme si Paramount et MGM avaient expliqué au cinéaste kazakh qu'il fallait pas choquer les futurs spectateurs chrétiens. En vérité, je vous le dis, le film est un bide international.

En encore plus bref, War dogs de Todd Philips est évidemment mieux que ses Very bad trip précédents, mais pas encore aussi bien que The Big short d'Adam McKay. Le film ne possède pas ce petit truc qui le ferait décoller (chez McKay, c'était les explications de texte extra narratives), à moins que ce ne soit le rire de Jonah Hill qui semble venir de Goldmember, j'ai eu l'impression d'entendre le bad guy batave joué par Mike Myers pendant tout le film. En encore plus plus bref, Blood father de Jean-François Richet promet le retour de Mel Gibson (ah bon?) comme The Last stand annonçait celui d'Arnold. Le seul coup de théâtre narratif est quand Mel rase cette barbe qu'on voit sur l'affiche.

Aucun commentaire: