mercredi 14 septembre 2016

Victoria (Justine Triet, 2016)

Depuis que j'ai commencé ce blog, j'ai toujours noté les grandes qualités de Virginie Efira même quand le film n'est pas terrible (Et ta sœur en janvier, Un homme à la hauteur en avril) ou qu'elle a un second rôle (Elle de Paul Verhoeven) mais tellement marquant). On remarquera que c'est la première fois avec Victoria qu'un titre de film porte le nom de son personnage et non celui d'un autre, sa sœur, son homme ou une autre femme. J'espère que cela amorce un changement dans sa florissante carrière d'actrice. J'espère surtout (et encore plus) que les gens ne vont pas commencer à dire des phrases de cancres « y a-t-il encore un film sans Virginie Efira ? ».

Pour ne pas dépayser ceux qui avaient aimé La Bataille de Solférino, Justine Triet commence son film à peu près pareil. Une femme débordée par ses deux enfants, deux fillettes qui apparaîtront régulièrement dans le film toujours en train de jouer en culotte et Victoria, clope au bec à côté d'elles, comme le faisait Laetitia Dosch dans le premier film (ah, ça m'avait bien marqué ce genre de détails, mais que fait la DDASS ?). Elles sont toutes deux séparées du père des gamines, dont j'ai l'impression que jamais leurs prénoms ne seront donnés dans les dialogues, ce qui change des répliques où les personnages se sentent obligés de décliner leur identité (un bon point pour le film).

Victoria est une femme bordélique. Le décor de son appartement est étonnant, pas un objet ne semble vraiment rangé, ça déborde de livres partout posés n'importe comment (oui, comme chez tout le monde), les jouets des filles, les culottes de la mère, les paquets de chips, les dossiers etc. Un bazar qui fait vrai, un décor d'appartement qui ne semble pas sortir d'un catalogue Ikéa (contrairement à L'Economie du couple par exemple). Ça vit un peu là-dedans et ça décrit l'univers mental de son héroïne sans avoir à passer par une explication en bonne et due forme. Bref, le spectateur gagne du temps pour entrer de plein pied dans le récit.

L'autre force remarquable de Victoria, c'est la description du travail. Elle est avocate et le film tourne autour de trois procès, l'un où elle est avocate de la défense, l'autre où elle est plaignante et le troisième où elle est mise en examen. Beaucoup de films de procès français sont terriblement ratés, parce que la justice et les procès en France sont terriblement lents, sans coups de théâtre et sans coup de semonce. Pour Justine Triet, c'est un triple défi de faire de ces trois procès des histoires intéressantes et surtout crédibles. Et comme Virginie Efira est formidable (je ne le dirai jamais assez), tout passe comme une lettre à la poste. Les procès sont sans cesse entremêlés avec les histoires de cœur de Victoria.

Trois hommes l'entourent. David (Laurent Poitrenaux) le père des fillettes aspire à devenir écrivain en s'inspirant de la vie de Victoria. Vincent (Melvil Poupaud) accusé d'avoir tenté de tuer sa fiancée et qu'elle défend. Sam (Vincent Lacoste) un ancien client de Victoria débarque dans son appartement, devient babysitter et s'incruste. Et au milieu, des mecs rencontrés sur un site qui viennent coucher et son psy (les séances, encore une chose difficile à filmer). Pas hilarant (pas la peine de comparer le film à Lubitsch ou Hawks, ça n'y ressemble absolument pas), mais souvent drôle y compris quand il parle de dépression, le film manque un chouia de rythme à certains passages (les ellipses paradoxalement).

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