mardi 27 septembre 2016

Kubo et l'armure magique (Travis Knight, 2016)

C'est assez chouette de se dire qu'un jeune cinéaste américain s'inspire, pour son premier film, de légendes japonaises (qu'elles existent ou pas n'a pas d'importance) sans passer par les cases chanson R'nB, gag faisant référence à la pop culture américaine et l'actualité. Kubo et l'armure magique est d'une certaine manière l'anti Kung-fu panda. J'ai du mal à déterminer quel mode d'animation a été utilisée, mais il faut rester au générique de fin pour découvrir que certains éléments ont été créés en marionnette (notamment ce monstre squelettique).

Kubo est un gamin qui vit avec sa mère dans une grotte lugubre. La séquence d'ouverture laisse supposer qu'ils ont fait naufrage, emportés par une mer démontée. Kubo n'était qu'un nourrisson alors mais déjà quelque chose cloche. Son œil gauche a disparu. Son grand-père lui aurait enlevé. Comment un aïeul pourrait faire un geste aussi détestable ? On apprend immédiatement que ce parent veut lui arracher l'autre œil. On saura plus tard pourquoi. Je vais tenter de ne pas raconter la plupart des tournures du récit. Il faut aller voir le film.

Tout est justement question d'histoire, de conte, de légende dans Kubo et l'armure magique. L'enfant descend de sa grotte au village pour se mettre au milieu de la place du village. Encouragé par une vieille dame qui fait l’aumône, il commence un récit épique sur un samouraï valeureux qui combat des monstres. La superbe idée est de rendre hommage à la chronophotographie de Etienne-Jules Marey avec cette ronde de papiers qui s'anime comme dans cet ancêtre du cinématographe. Puis, ce sont des origamis qui prennent forme pour les personnages de l'histoire que narre Kubo.

Dès que les rayons du soleil se dissipent, Kubo doit rentrer dans sa grotte. La nuit et la lune lui portent malheur. C'est une grande déception pour ses auditeurs et du suspense pour les spectateurs du film. Sa mère l'attend et lui rappelle qu'il ne doit pas rester la nuit au village. Elle lui rappelle aussi les règles essentielles : il doit toujours avoir sur lui sa petite amulette en forme de singe et revêtir le kimono rouge de son père sur lequel est dessiné un scarabée. Jusqu'à présent, Kubo a respecté ces règles. Et un soir, celui de la fête des ancêtres, il est pris au piège.

Dès lors, le film se lance dans son récit propre. Deux sœurs longilignes au visage blanc et masqué viennent le chercher pour prendre son œil droit. Dans leur furie, elles détruisent le village. C'est le début d'une longue marche pour Kubo. L'amulette prend vie et se transforme en singe qui parle. Ce singe, qui est une femelle, au grand étonnement du gamin, ne cesse de donner des conseils à Kubo. Evidemment, il n'a pas envie d'écouter ces conseils et ces leçons, ce qui procure au film de nombreux moments d'humour.

La longue marche pour échapper aux deux harpies se poursuit dans la neige et c'est là que Kubo et la femelle singe rencontre un étrange samouraï en forme de scarabée. Il n'a aucun souvenir de sa vie précédente (lui aussi parle) mais certains souvenirs lui reviennent petit à petit. Le singe et le scarabée se disputent gentiment, elle le traite d'incapable. Le trio va poursuivre son chemin à la recherche de l'armure magique. Il leur faut trouver le sabre, le plastron et le kabuto, soit le casque, tous situés dans des lieux différents.

Pour développer son récit, Travis Knight travaille sur les oppositions, le jour calme et la nuit dangereuse, les deux sœurs blanches face au singe et au scarabée, le minuscule origami du samouraï et le géant squelette. Les échelles changent constamment pour le plaisir des yeux. Le film fait aussi virevolter les feuilles, celles en papier avec lesquelles Kubo crée ses origamis, mais aussi les feuilles d'érables qui servent à fabriquer un navire pour traverser un lac, le tout au son du shamisen de l'enfant, « when my guitar gently weeps » comme le dit la chanson de George Harrison.

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