mercredi 4 novembre 2020

A la poursuite d'Octobre Rouge (John McTiernan, 1990)


Le dernier film de Sean Connery que j'ai vu était Zardoz au printemps. Sur les réseaux sociaux, surtout Facebook, j'ai vu souvent la même photo du film, Sean Connery en slip rouge, bardé de lanières, queue de cheval. Le tout avec une ironie certaine. Zardoz, comme je m'en suis rendu compte, n'est pas un nanar loin de là. Mais c'est plus rigolo de croire que Zardoz est seulement kitsch.

Je n'ai jamais été un grand fan de Sean Connery. Je n'aime pas les James Bond mais deux films me plaisent beaucoup, LesIncorruptibles de Brian De Palma et surtout Indiana Jones etla dernière croisade, père absent mais extrêmement encombrant. C'est l'un des rares films que j'ai choisi d'aller voir au cinéma à une époque où je ne voyais que très peu de films en salle. Et aussi A la poursuite d'Octobre Rouge.

Ce sont les yeux de Sean Connery qui ouvrent le film, un regard paysage qui exprime que son point de vue prime sur tout, alors même que John McTienrnan engage là une aventure de Jack Ryan qu'incarne un Alec Baldwin alors très svèlte. Sean Connery, une fois que la caméra recule et dévoile l'arrière champ, est un capitaine de sous-marin soviétique, lituanien précisément, Marko Ramius, multi médaillé.

Lors des divers hommages donnés à l'acteur le jour de sa mort, on a appris que pour jouer ses James Bond il porte un toupet car il était déjà bien dégarni. On a les anecdotes qu'on mérite. Dans A la poursuite d'Octobre Rouge, sa perruque est massive, cheveux gris comme sa barbe, ce qui indique évidemment qu'il a du rodage, derrière lui, son second Vassili Borodine (Sam Neill) qui observe la mer pour l'instant très calme.

On l'entend, Sean Connery comme Sam Neill parlent russe. Pas commode pour le public américain qui déteste les sous-titres, mais il faut bien que ces spectateurs comprennent qu'ils sont soviétiques. Simple procédé pour passer du russe à l'anglais, un zoom avant sur les lèvres de Poutine (Peter Firth), le commissaire politique qui parle russe, puis un zoom arrière où il parle anglais. La méthode sera répétée par le cinéaste dans Le 13ème guerrier.

Le scénario : Raimus, Borodine et les autres officiers veulent passer à l'ouest. 1984, Tchernienko est encore au pouvoir, Gorbatchev pas encore. Le sous-marin que dirige Raimus est un énorme engin nouvelle génération. Ce jour-là, il est lancé pour la première fois dans la Russie du nord. Parallèlement, un sous-marin américain espionne. Son capitaine est Mancuso (Scott Glenn). Problème, le sous-marin soviétique est super silencieux.

Au-delà de l'enjeu de la langue, il est remarquable de noter que les personnages américains sont joués par des Américains (en plus d'Alec Baldwin et Scott Glenn, sur terre James Earl Jones est un stratège militaire) mais les Soviétiques sont tous soit britanniques (Sean Connery, Tim Curry le médecin de bord), soit néo-zélandais (Sam Neill) soit suédois (Stellan Skarsgard, capitaine d'un autre sous-marin qui suit les deux autres).

Or l'une des questions qui se pose avec la différence de langue pour provoquer et prolonger le suspense est de savoir comment communiquer entre les deux sous-marins. Impossible d'utiliser les radios sous risque d'être repéré, c'est alors le morse qui s'impose d'un engin à l'autre grâce aux périscopes. Le capitaine Mancuso délivre un message écrit par Jack Ryan au capitaine Ramius.

Plus que le suspense pur qui consiste à une course-poursuite sous la mer, John McTiernan prend un grand plaisir à filmer tous ses personnages dans des recoins les plus exiguës possibles avec une caméra très mobile qui passe d'un visage à un autre, d'une discussion à une autre, d'un sous-marin à l'autre, des bas fonds à l'extérieur. Le cinéaste s'amuse aussi avec les codes couleurs, bleu chez les Soviétiques et rouge chez les Américains.

Deux jeux s'opposent. Celui d'Alec Baldwin est dans le mouvement constant. Pendant les deux ou trois jours, il ne dort jamais, c'est même une sorte de comique de répétition avec les gens qu'il croise. Mais surtout, il est balancé d'un lieu à un autre pendant tout le film, de son poste en Angleterre, à Washington, trajets en avion, en hélicoptère, saut dans la mer glaciale et arrivée dans le sous-marin.

Sean Connery est au contraire d'un flegme olympien. Parole sobre, il bouge peu et quand il bouge agit vite et dans le calme (par exemple quand il tue Poutine), il se déplace dans ces lieux exiguës avec la certitude d'arriver à accomplir son but de passer à l'ouest, à condition de ne « pas tomber sur un cow-boy ». Ce rôle, ce film, c'est presque l'anti film d'action par excellence, j'exagère un peu, certes, mais à peine.









































1 commentaire:

Jacques Boudineau a dit…

Peut-être le meilleur film de sous
marin du monde.
Parce qu'en général, pfffout,
vous m'avez compris.