dimanche 29 novembre 2020

Mülheim Ruhr + Ödenwaldstetten (Peter Nestler, 1964)

Peter Nestler encore avec deux courts-métrages documentaires qui se ressemblent sur de nombreux points (mais pas la durée, Mülhiem Ruhr fait 14 minutes, Ödenwaldstetten 36 minutes). Peter Nestler inclut de la musique dans ces deux films, composée par Dieter Süverkrüp. Elle est totalement inhabituelle de celle que l'on peut entendre généralement dans les courts-métrages, une musique vaguement orchestrale, violon et flûte, qui peuple souvent sans aucun talent les films des années 1960.

Aucune de ces musiques ne se distingue des autres. Pire que cela, elle n'est qu'une illustration appuyée des images (une scène triste, musique triste et inversement). Dans Mülheim Ruhr plus encore que dans l'autre, Dieter Süverküp joue de la guitare manouche avec allégresse. Ce qui fait la différence est sa présence aléatoire, enfin, le cinéaste doit savoir pourquoi il la place à ses endroits, son arrivée comme son départ soudain, la guitare est souvent remplacée par un son de guimbarde accompagnée d'un métronome rythmant le montage ultra rapide.

Dans le nord et le sud de l'Allemagne, Peter Nestler continue d'observer la vie tranquille, sans soubresauts des habitants, il regarde les rues, les maisons, les gestes, la fumée qui sort des maisons comme des usines, les enfants qui jouent, les parents qui boivent. Mülheim Ruhr se distingue par la beauté de ses plans, ce sont des photographies, des instantanés, chaque photogramme pourrait faire l'objet d'un tirage photo pour une exposition. Les plans alternent la beauté pure (visage, enluminure) avec le trivial (usine, travail).




















Ödenwaldstetten est plus cru, la musique moins présente, les dialogues réapparaissent. On est dans la campagne la plus profonde. Comme dans Le Chenal, l'impression que rien n'a bougé depuis des années dans ce bourg. Ce qui ressort est immense, Peter Nestler filme sans romantisme ni pittoresque toute une époque. L'aspect documentaire pour lui consistait à travailler le montage d'éléments bruts, ça n'est pas très loin de ce commencera à faire Frederick Wiseman trois ans plus tard et si moderne par rapport à de nombreux documentaires édifiants et scolaires.

De la grande ville à la profonde campagne, le quotidien des habitants est montré simplement. Un vieux élève ses lapins, dans une ferme on trait les vaches, on construit, les ouvriers sortent d'une usine, ils vont se divertir. La variété des cadres construit le film, du plan d'ensemble au gros plan mais Peter Nestler travaille aussi les rimes, une statue précède le visage d'une petite fille. Les films marquent aussi le changement d'une période ancestrale (les champs, l'église, la marche) à la productivité plus rapide (les élevages, les immeubles, les transports).





















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