dimanche 1 novembre 2020

The Prodigal son (Sammo Hung, 1981)

L'art du mensonge c'est l'art du théâtre. Dans ce Canton de la fin du 19è siècle, le jeune Liang Tsan (Yuen Biao) est un champion des arts martiaux. Tout le monde l'appelle Tsan le bagarreur et fuit sur son passage. Le menton relevé, l'impétueux Liang Tsan se pavane en ville, fait des ronds de pied et tourne sa longue tunique bleue, il est toujours entouré de sa petite cour, de ses serviteurs qui se met entièrement à son service, lui ce fils de bonne famille.

Seulement voilà, il est le seul à ne pas savoir qu'il ne sait pas se battre. Son père, pensant bien faire, paie tous les éventuels adversaires du fiston pour qu'ils perdent. Il est au centre d'une puissante fiction dont tout le monde profite, car ils gagnent un peu d'argent même s'ils prennent deux ou trois coups. Grand metteur en scène, le fidèle serviteur Choi (Peter Chan), toujours à protéger son jeune maître et prévenir le moindre coup. Choi est toujours derrière son jeune maître avec un petit éventail.

Quelques mots sur ce serviteur et sur son visage : le crâne bien dégarni, le bout du nez tout rouge, les joues bouffies, Choi est un bon gros un peu maladroit souvent dépassé par l'arrogance de son maître et les exigences des combattants qui profitent de la situation. A lui est réservé le rôle de bouffon (celui-là même qu'assume souvent Sammo Hung dans ses films), de partenaire comique qui va poursuivre son maître avec un gourdin, gag récurrent quand la révélation de la supercherie est faite.

Jusque là tout va bien. Mais un jour, une troupe d’opéra arrive en ville et tout le monde se rend au spectacle. L'actrice principale de l'opéra émoustille trois des serviteurs de Tsan. L'un d'eux se fait passer pour le maître. Ils se rendent dans les coulisses pour féliciter la troupe et en particulier l’actrice principale. Ils veulent l’inviter. L’actrice, avec sa petite voix pincée et des mouvements de cils, refuse poliment cette gentille proposition, mais devant l’insistance, elle se fâche et lui fout quelques tannées.

Le spectateur averti de The Prodigal son a un temps d'avance sur les trois nigauds, il a reconnu derrière le déguisement et le maquillage du personnage de femme de l'opéra l'acteur Lam Ching-ying. Mais le théâtre continue le temps de les ridiculiser les trois hommes plus Tsan venu le lendemain les défendre. Le travestissement est l'occasion de quiproquos comiques mais aussi de la révélation de la vérité sur l'incompétence de Tsan, victime de travestissement à son insu.

Anéanti, le jeune maître choisit l'acteur pour sifu afin de devenir un vrai artiste martial. Il refuse mais le père de Tsan achète la troupe et le jeune homme devient l’assistant obséquieux de l'acteur Leung. Pour corser ce scénario, Sammo Hung ajoute un méchant (Frankie Chan) (mais pas tant que ça) qui rêve de devenir le plus grand artiste martial de Chine, un motif scénaristique classique du film de kung-fu dont le cinéaste va exploiter tous les clichés pour les faire exploser dans une frénésie de violence.

Ce méchant est surtout mal accompagné, car ses hommes de main sont sans pitié et sanguinaires. Ce jeune expert en art martial est lui aussi vicitime du travestissement de la vérité par ses sbires. Pour lui éviter d'avoir à affronter l'acteur, ils décident de tuer toute la troupe. Tous se font égorger puis brûler. Seuls Leung et Tsan parviennent à s'échapper, ils s’exilent et atterrissent dans la ferme de Wong-po (Sammo Hung), ancien frère d'arme de Leung devenu caligraphe.

The Prodigal son prend alors les allures classiques du film de kung-fu où le maître forme son élève. Seulement voilà, Sammo Hung ne fait rien comme tout le monde. Leung refuse toujours d’enseigner à Yuen l’art martial. C’est Wong-po qui va devoir s’en charger. Mais son personnage est celui d’un gentil gros balourd qui vit seul avec sa fille naïve et bienveillante. On s'amuse dans les premières scènes à la ferme des acrobaties de Sammo Hung pour pratiquer la calligraphie comme des disputes épiques entre les lui et Lam Chin-ying.

Ce qui frappe le plus dans The Prodigal son est la facilité avec laquelle Sammo Hung passe du burlesque le plus drôle aux combats les plus accomplis. Il y a une progression dans les combats puisque Yuen Biao est d’abord un ignorant des arts martiaux puis enfin un expert. Si la mise en scène est classique : filmage en plan d’ensemble avec de rares gros plans et d’encore plus rares champ-contrechamps, en revanche c’est la variation du rythme qui impressionne.

































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