dimanche 8 novembre 2020

Last action hero (John McTiernan, 1993)

Dorothy allait visiter les pavés jaunes d'Oz, Alice au pays des Merveilles, Danny (Austin O'Brien) traverse lui aussi le miroir. Sa destination est le Los Angeles de Jack Slater (Arnold Schwarzenegger), le héros des films d'action éponymes. Danny est dans un vieux cinéma de New York, il regarde Jack Slater III, c'est dire si la franchise doit fonctionner. Il n'y a pas beaucoup de monde dans les sièges de l'orchestre, c'est même quasi désert. Seul un vieux clodo échoué là pour se ternir chaud et roupiller engueule Danny quand celui-ci remarque que le point n'est plus fait : l'image est floue.

Le projectionniste Nick (Robert Prosky), un vieux monsieur à la bonne bouille s'était endormi. Peu importe pour Danny, il a déjà Jack Slater un bon paquet de fois. Ce Danny c'est le spectateur cible de Hollywood, l'adolescent de 12 ans qui avale ces films d'action stupides comme du pop-corn. Et Jack Slater III semble bien navrant. Surtout Danny est vraiment un gamin à la limite du supportable, cela sera prouvé pendant une bonne partie du film. Il est un peu prétentieux à tout savoir sur les films d'action, ses clichés, ses passages obligés, ses récurrences. Il est aussi un peu menteur, il cache à sa mère qu'il passe tout son temps dans ce cinéma.

Le passage de la salle de cinéma à travers le miroir est due à un bâton de dynamite qui va d'un méchant qui attaque Jack Slater au sol du cinéma. L'explosion, comme dans un cartoon Looney Toons, ceux où tous les accessoires sont signés Acme, fait atterrir Danny dans la voiture décapotable du héros. On le sait, tous les flics habitent dans de grands appartements (lui a une maison en banlieue) et roulent en voiture de sport. C'est précisément sur ces clichés que joue John McTiernan. Il vit d'ailleurs avec sa fille Whitney (Bridgette Wilson) également dans le rôle de Meredith la partenaire de Slater. Elle ne se déplace qu'en Hummer.

Ce petit prétentieux de Danny a beaucoup à raconter à son idole. Il a vu le début du film, il en sait plus que tout le monde notamment sur les ennemis de Jack Slater. Sur ce ^mafieux sicilien Vivaldi que joue avec délice et excitation Anthony Quinn, sur son bras droit exécuteur de ses basses œuvres Practice (Charles Dance), bouc bien taillé comme ses costumes. Lui garde un calme olympien en toutes circonstances. Il porte un œil de verre qu'il change régulièrement (effet comique un peu vain). Plus malin que Slater, Practice comprend avant tout le monde qu'on peut passer d'un monde à un autre grâce au ticket magique donné par le projectionniste au gamin.

Avant d'entrer totalement dans le film d'action, Last action hero déploie tout un comique de situation dont l'essentiel a lieu dans le poste de police où bosse Slater. Encore une fois, la taille du lieu dénote une volonté de pur fantasme, de supprimer la réalité de la partie fiction. Immense, le commissariat est peuplé de flics extravagants qui ne peuvent être que dans des films. Entre des bimbos sexys, un flic en animation qui est un chat, il y a le chef, le lieutenant Dekker (Frank McRae), patron qui éructe à chaque phrase, figure typique du cinéma d'action mais aussi seul afro-américain du film pour remplir la case minorité exigée à Hollywood à l'époque.

La vie d'action à Holywwod, c'est la thèse, la vraie vie à New York est l'antithèse. Slater et Danny vont poursuivre Practice sur la côte est. Autant la partie Hollywood était en pleine journée, sous le soleil, dans des espaces immenses (le grand truc de John McTiernan est toujours de travailler sur l'espace pour maîtriser et développer l'action de ses héros, tour vertical, sous-marin), autant le trajet à New York est nocturne, restreint par le temps et un peu poisseux puisque les rues autour desquelles Danny et Slater traînent sont un peu mal famées, mal éclairées, là aussi on est dans l'imagerie habituelle, le cliché sur un New York gangrené.

L'une des plus belles idées de Last action hero est le casting de méchants fait par Practice pour éliminer Slater. Rien de plus facile, il regarde ce qui passe au cinéma et va activer Jason ou d'autres affreux jojos grâce au ticket. On a droit à l'arrivée de la Mort échappée d'une projection du Septième sceau (on remarque le public très jeune dans la salle, encore une fois le fantasme du cinéaste qu'un film d'Ingmar Bergman, même si c'est l'un des plus connus ait autant de spectateurs) qui vient visiter Slater et Danny dans le vieux cinéma. C'est Ian McKellen qui incarne, avec son visage le plus fermé et évidemment en noir et blanc, la Mort de Bergman.

Pour l'instant, Jack Slater est bloqué dans ce que l'on appellera le monde réel. Un monde où est organisée une avant-première de Jack Slater IV. Du beau monde se presse à la séance, dont Arnold Schwarzenegger et l'acteur Tom Noonan dans un double rôle, lui-même et le super méchant de Jack Slater III. Le grand finale révèle cependant une chose, un panneau Acme quand Danny menace de tomber du toit, comme si cette partie à New York était aussi de la fiction. Et pourquoi pas tout simplement un rêve du projectionniste qui s'était endormi au tout début du film, avant qu'il ne soit réveillé par Danny. Oui, pourquoi pas.




































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