mardi 3 novembre 2020

Taking off (Milos Forman, 1971)

J'avais gardé une forte impression de Taking off quand je l'avais vu à sa ressortie en août 2010. Comme j'ai la grande chance d'oublier les histoires des films, je ne savais plus pourquoi j'avais pris tant de plaisir parce que le début du film est un peu déconcertant. D'un côté des jeunes femmes et des filles qui viennent pousser la chansonnette devant un micro pour une audition. De l'autre côté, un homme qui se fait hypnotiser pour ne plus fumer de cigarettes.

L'audition est bien baba cool. Apprenties chanteuses comme auditeurs. C'est beau de voir toutes ces tenues bariolées dans un aussi petit espace. C'est même beaucoup plus frappant que les voix des chanteuses, Milos Forman prend le pouds en direct de cette catégorie des habitants des USA souvent caricaturés à l'extrême et qu'il filme avec empathie et un semblant d'ironie, ils sont ceux qui seront les héros de Hair, ce film que j'adore au plus haut point.

Au milieu, le jeune Jeannie (Linnea Heacock), timide comme c'est pas possible. Cheveux longs, osant à peine avancer parmi la foule. Comme nous, elle observe cette faune étrange et étrangère. On a vite compris qu'elle est la fille de cette homme à lunettes qui veut arrêter de fumer. Arrive bientôt son audition. Elle s'inscrit, elle avoue avoir 15 ans et demi mais devant le micro, elle est incapable de sortir le moindre refrain.

Le père donc, Larry Tyne (Buck Henry), binoclard pas très loquace (comme sa fille), classe moyenne blanche, WASP typique de New York et sa femme Lynn (Lynn Carlin). Milos Forman les filme dans leur maison bourgeoise et un peu kitsch (gros travail sur les décors typiquement américain) comme il filme les hippies de l'audition. Ce sont deux mondes qui s'opposent en ce début des années 1970. tout l'enjeu du film est de les rapprocher.

Petit à petit, ça se frotte, les deux univers se croisent. Enfin, il était temps. D'abord sur un mode social, pas très bien amené, avec le père qui engueule sa fille pour avoir déserté sans prévenir l'appartement. Mais un couple d'amis est là. L'époux est un peu banal, mais l'épouse est marrante. Elle raconte sa vie privée à Lynn qui n'en revient pas de leur vie sexuelle, elle qui semblait si sage, habillée comme une poupée. Mais une poupée qui danse et chante, démonstration à l'appui.

Jeannie quitte la maison sans donner de nouvelles. Le père part à sa recherche une première fois avec une photo de Jeannie. Il se fait quelques ennemis dans un bar (une fille fugueuse qui traîne avec des motards) et une nouvelle amie, la femme de cette fille fugueuse qui débarque en robe blanche en grosse dentelle. Elle est membre d'une association de parents d'enfants fugueurs. C'est parti pour de nouvelles aventures et la meilleure partie du film.

Taking off aurait pu s'appeler « Comment j'ai arrêté de fumer et appris à aimer la marijuana ». la plus belle séquence met en scène Vincent Schiavelli qui commence ainsi sa longue carrière dans les films de Milos Forman. Avec son visage habituel mais pourvu de lunettes de vue et de cheveux afro, il va apprendre à toute l'assemblée des ces bons bourgeois de l'association de parents d'enfants fugueurs comment fumer un joint.

L'explication, la théorie, la pratique. Vraiment, c'est l'une des séquences les plus drôles des films de Milos Forman. Ça se poursuit chez les Tyne, ils ont invité cette femme en robe blanche et son mari. Ils sont bien défoncés, ils se soûlent la gueule et commencent un strip poker, sans se souvenir qu'ils devaient partir à la recherche de Jeannie. Voilà ce qui m'enthousiasmait dans Taking off, cette deuxième partie si drôle, si libre.






























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