lundi 9 novembre 2020

Le Moine d'acier (Sammo Hung, 1977)

Il faut bien commencer un jour et pour Sammo Hung qui s'appelait encore Hung Ching-pao dans le générique, c'était Le Moine d'acier, pas son meilleur film, loin de là. Le bon gros vu ici et là, en adversaire de Bruce Lee dans Opération Dragon, dans les rares films de kung-fu de John Woo en méchant, pour des chorégraphies de combat pour King Hu passe derrière la caméra pour un film très noir, souvent brutal, avec quelques petites scènes qui vont à l'encontre de l'image publique qu'il avait accepté de donner jusqu'alors.

Après la mort de son oncle tué par des Mandchous au beau milieu de son magasin de nouilles, le jeune Chong Mai-long (Sammo Hung) a été recueilli dans une école de kung-fu. A cause de son espièglerie, il est souvent puni. Son appétit énorme ne correspond pas au régime auquel sont astreints les autres élèves. Il veut s’en aller, vivre sa vie et venger son oncle. Il estime avoir suffisamment appris le kung-fu de Shaolin pour se débrouiller seul et affronter les vicieux Mandchous. Cela différencie beaucoup d’autres films de kung-fu où l’apprentissage était le moteur du récit.

Les Mandchous sont cruels et sans pitié, dit un dialogue du film et effectivement, on les voit dans leurs basses œuvres. Ils ont envahi cette région du sud pour accaparer leurs terres. Le Moine d’acier reprend de manière transparente la problématique de la colonisation qui était au centre du récit de la Fureur de vaincre en la déplaçant géographiquement mais le résultat est similaire. Le chef (Fung Hak-on) a un regard cruel et tient, dans sa main, un éventail. Dans la rue, ils embêtent des enfants et leur coupent les nattes.

Le chef mandchou a aussi un regard de satyre. Quand il repère une femme, il procède comme pour les biens et les terres. Il les veut et utilise la violence. Ici il viole la jeune sœur d'un ouvrier, Liang (Lo Hoi-pang), un ouvrier de l’usine de tissus qu’il aimerait acquérir. Sammo Hung filme une scène de viol d'un rare réalisme, c'est d'autant plus cru et troublant que tous les sbires mate leur chef violer la jeune fille avec un sale regard libidineux. L'une des scènes les plus appuyées du film pour exprimer toute l'horreur qu'inspire les Mandchous.

La lassitude des habitants face à l’arrogance des Mandchous ne cesse de croître. Liang et Chong vont se rencontrer au milieu du village où Liang, fou de colère, poignarde un Mandchou. Ensemble, ils vont chercher à assouvir leur vengeance. Pour cela, Chong va demander l’aide d’un moine Tak (Chan Sing) qu’il va ramener en ville. Les Mandchous sont persuadés que Chong est celui qui a tué l’un des leurs et ils vont l’humilier devant tous les clients. Mais Chong va à son tour les battre et cette fois ce seront les ennemis qui seront ridiculisés.

Devant la force et la témérité de Chong, le chef va engager deux mercenaires pour les piéger. Tout ne se passe pas comme prévu et Liang parvient à contrer l’escroquerie montée contre son patron de l’usine de tissus. Pour l’anecdote, l’un des ouvriers est interprété par Eric Tsang dans un de ses premiers rôles. Mais les mercenaires ne supportent pas cette humiliation et décident de tuer tous les ouvriers. Le film plonge alors dans une noirceur et expose des combats de plus en plus violents. La vengeance passe par ces moments extrêmement violents.

Les morts des adversaires sont scandées par une prière du moine Tak, qui apporte d’abord un peu d’humour noir. Cela se transforme en chant funèbre laissant découvrir un aspect sombre de la personnalité de Sammo Hung, considéré surtout comme un gentil comique. Le combat final dure un bon quart d’heure et les chutes sont filmées en courts plans séquence et non plus en montage champ-contrechamp. D’une certaine manière, c’est en cela que le cinéma de Sammo Hung est moderne.































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