jeudi 9 avril 2020

First mission (Sammo Hung, 1985)

Des policiers en uniforme noir tirent sur des terroristes en survêtement jaune dans une forêt. Ça tire de tous les côtés, ça donne des coups de tatane, ça chute et ça tombe. Parmi les jaunes, Dah (Jackie Chan) qui réussit à tous les éliminer. Enfin presque, le chef des policiers en noir (Lam Chi-ying) au sourcils proéminents parvient à maîtriser Dah. Il semble vaincu mais le chef range son revolver. C'était un entraînement.

Tout était faux mais l'action est sur l'écran, comme d'habitude chorégraphiée et mise en scène par Sammo Hung pour une bonne vingtaine d'acteurs. Sammo Hung sa spécialité, c'est de filmer les corps qui tombent. Si j'osais, je dirais que dans First mission plus que dans ses autres films, il utilise la position de la caméra à la Ozu, à ras de tatamis (ici à ras du sol) pour encore mieux enregistrer sur pellicule les chutes de ses acteurs.

Dans cette première séquence comme dans la dernière on retrouve cette caméra placée au sol. Comme toujours, la séquence finale est le morceau de bravoure, celle où Jackie Chan en finit avec tous les méchants qui n'ont cessé pendant tout le récit de défier la loi, celle de la colonie mais aussi la loi morale de son personnage de grand frère, Sammo Hung joue Dodo son frère (plus âgé que Dah dans l'histoire) attardé mental, comme il le dira dans un dialogue.

Dodo se comporte comme un enfant. Il est incapable de prendre soin de lui-même seul. Il traîne toute la journée avec les gamins du quartier qui en profite parfois. L’un d’eux le fait passer pour son père auprès du directeur de l’école mais Dodo répète la phrase qu’il a apprise par cœur et joue avec une figurine de Superman devant lui. Ou encore quand les gamins l’amènent au glacier et qu’ils n’ont pas assez d’argent pour payer.

Sammo Hung joue à la perfection les crétins abyssaux et n’hésite jamais à se ridiculiser lui-même : Habillé avec une salopette et coiffé d’une coupe au bol, il se comporte comme un enfant de six ans et offre un visage adéquat. Les autres en profitent tel Wu Ma dans un personnage de commerçant qui l’humilie en public en lui faisant faire le chien quand Dodo vient demander un petit boulot. Son personnage est tantôt comique, tantôt pathétique.

Le film est essentiellement l'occasion pour Jackie Chan d'amorcer un virage dramatique de son jeu. Quand Dodo est humilié au plus haut point par les autres, Dah vient à sa rescousse. Jackie Chan hurle ses dialogues de lamentations et la caméra s'approche de son visage pour bien enregistrer les larmes qui coulent sur ses joues tandis qu'il étreint avec un élan violent d'affection son frère. Disons que tout cela est un peu poussif.

Le scénario de la partie action est des plus simples : d'un côté sa fiancée Jenny (Emily Chu) serveuse dans un restaurant voit d'un mauvais œil l'engagement de Dah dans la marine. Il va partir, elle ne le verra plus avant un bon bout de temps. Elle a aussi peur de devoir garder Dodo en son absence. De l'autre côté, une bande de malfrats dirigés par un boss arrogant (le toujours parfait dans l'ignominie James Tien, une vraie gueule de salaud).


C’est à Jackie Chan qu’est dévolue la partie action du film puisque Sammo Hung ne se bat pas. La machine un peu de mal à fonctionner et ne donne rien de neuf ni d’éclatant. First mission reprend le discours vu 100 fois dans le cinéma de Hong Kong sur les erreurs judiciaires : la police accuse Dodo de vol. Jackie Chan lui rendra justice avec ses habituels acteurs, Meng Hoi, Yuen Wah, Chin Kar-lok, Chen Lung.
















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