samedi 18 avril 2020

J'ai aussi regardé trois films de Cameron Diaz

Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi en 2014 Cameron Diaz a décidé de ne plus faire de cinéma, si c'est à cause de ses bides successifs ou pour sa « consacrer à sa vie familiale » comme disent les journaux people. Mais voilà, son grand sourire, sa grande taille, sa petite voix forte ne sont plus là. J'aime surtout Cameron Diaz dans des comédies (sûrement pas dans Gangs of New York, Martin Scorsese ne savait pas quoi en faire, il avait mieux écrit le rôle de Sharon Stone dans Casino). Bref, j'ai regardé trois comédies de Cameron Diaz.

Dans l'ordre, j'ai commencé par Bad Teacher de Jake Kasdan, auteur de quelques comédies dont The Dewey Cox story une parodie bien sentie de Walk the line. Cameron Diaz est une prof de lycée, obligée d'enseigner parce que le mec qu'elle devait épouser s'est rendu compte qu'elle ne le faisait que pour son argent. Rôle physique qui consiste à s'étaler de tout son long, à trouver une position si possible confortable et à se dissimuler sur le bureau qui lui sert de support de travail (et qui lui sert à bien d'autres choses).

Le film tentait d'être dans cette mode des films qui se voulaient crus, avec un langage fleuri, mode menée par Will Ferrell avec un certain succès avant qu'il ne s'effondre. Il est aussi un teen movie d'une certaine manière puisque le personnage de Cameron Diaz, comme les autres professeurs se comportent entre eux comme des adolescents pas très futés. Elle aide parfois les ados à grandir alors qu'elle régresse (quand elle va voler les résultats du concours auquel elle participe). C'est peut-être ça l'humour de Jake Kasdan, inverser les rôles enfants adultes.

Bad teacher est drôle (et souvent très drôle) tant que ce personnage de velléitaire fait des efforts insensés pour ne pas avoir à travailler. Son ingéniosité à paresser est proportionnel à ses erreurs de jugement sur ses collègues. Elle fantasme sur le prof de maths (Justin Timberlake) d'une bêtise incommensurable comme le prouve dans un échange verbal hilarant le prof de gym (Jason Segel) à qui elle se refuse parce qu'il n'est pas riche. Dès que la romcom reprend le dessus dans les 20 dernières minutes, donc qu'elle est amoureuse du prof de gym c'est moins bien.











Le lendemain, j'ai continué avec Charlie et ses drôles de dames. Le film a déjà 20 ans. Je me suis toujours demandé comment Bill Murray avait atterri dans ce film d'action vitaminé à l'extrême avec des effets spéciaux piqués à The Matrix et des chorégraphies de combats faites par Yuen Cheung-yan (le frère de Yuen Woo-ping), mais il parvient à s'épanouir et à distiller son humour pince sans rires au milieu des trois actrices vedettes, Cameron Diaz, Lucy Liu et Drew Barrymore, par ailleurs productrice du film.

La encore le rôle de Cameron Diaz est physique, peut-être plus encore que pour ses deux collègues. Elle effectue plusieurs morceaux de danse dans le film. L'un est onirique, elle rêve être dans une comédie musicale avec des danseurs, elle descend un escalier en enchaînant les pas de danses avant de se réveiller et de poursuivre la danse au saut du lit. Dans le deuxième moment de danse, elle cherche à séduire Luke Wilson. Elle entame devant un public glacial un disco Soul Train, seule sur scène, avant de convaincre ce public qui le rejoint dans des mouvements endiablés.

Je sais que McG est un mauvais, Charlie et ses drôles de dames est son seul film qui se regarde encore. Le film est tout juste pourvu d'une vague trame narrative dont on se fout complètement, tout repose sur l'abattage de tous les interprètes (Sam Rockwell cabotinait déjà pas mal), sur les déguisements délirants des trois filles, sur les incohérences narratives inhérentes au genre et ici poussées à l'extrême, le modèle est Hudson Hawk avec une envie non feinte de venger l'adaptation sinistrement ratée de Chapeau melon et bottes de cuir deux ans plus tôt.














Le lendemain, je regardais Mary à tout prix, le film par lequel on a découvert les frères Farrelly, souvent Ben Stiller et la plupart du temps Cameron Diaz (sauf ceux qui avaient vu The Mask). Cameron Diaz est la Mary du titre. Le prologue, emmené par un duo de chansonniers qui font office de narrateurs omniscients – ils viendront relancer le récit en ouvrant un nouveau chapitre – commence en 1985 entre Mary et Ted (Ben Stiller), le soir du bal de promo. Ted a invité la plus belle fille du lycée et s'est coincé la bite dans sa fermeture éclair. Traumatisé, il est parti en courant mais n'a jamais oublié Mary.

Le film est l'histoire, la fable plutôt puisqu'elle est contée par deux troubadours, de la reconquête de la belle blonde désormais partie en Floride. Cameron Diaz ne fait pas grand chose, elle est une princesse charmante, un peu naïve, très ingénue, au milieu de prétendants (Matt Dillon, Lee Evans, Chris Elliot) tous plus barrés et manipulateurs les uns que les autres, partisans de coups retords et de mensonges énormes. Elle est aussi au milieu de personnages excentriques, sa voisine nudiste et ultra bronzée et son frère autiste qui ne supporte pas qu'on lui touche les oreilles.

Les frères Farrelly ont trop lissé le personnage de Cameron Diaz, mais c'est souvent ainsi dans leurs films avec les femmes (Renée Zellweger, Gwyneth Paltrow), ils sont des cinéastes pour duo d'acteurs. Le film a gentiment vieilli, certains gags sont étirés jusqu'à plus soif. Dès qu'il s'engouffre dans le visuel pur (le sperme sur les cheveux de Cameron Diaz, l'attaque du chien sur Ben Stiller, les cannes de Lee Evans, les difformités physiques de Matt Dillon – ses dents, et Chris Elliot, ses furoncles), le film s'emballe et atteint un degré comique extrêmement concentré.
















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