jeudi 23 avril 2020

Miroir de Hollande (Bert Haanstra, 1950)

Sélectionné au Festival de Cannes 1951 et récipiendaire de la Palme d'or du court-métrage, Miroir de Hollande filme les clichés sur les Pays-Bas en les filmant au fil de l'eau. Ce qui donne tout de suite à l'image des canaux et des rivières au débit doux et tranquille et sur la digue un moulin. Mais tout est à l'envers puisque Bert Haanstra filme l'eau comme un miroir. Un jeune garçon renverse son regard et la caméra se renverse en réponse, les clichés sont inversés et l'image est à l'endroit.

L'absence de commentaire est une nouveauté tant les documentaires d'après guerre – ou les films non fictionnels – étaient bavards, voire verbeux. En revanche, la musique créée pour l'occasion dialogue avec les images. C'est probablement ce qui a marqué le Jury cannois tout autant que le dérèglement de l'image quand tout est à l'endroit. Car entre ce que filme le cinéaste hollandais et le spectateur voit, des éléments viennent faire écran, viennent se poser pour modifier ces clichés et donner un nouveau sens.


On découvre des anamorphoses créées par les vagues de l'eau, par ses mouvements naturels, des déformations des arbres, des barques, des quelques personnes qui se trouvent là. Les nénuphars pourtant immobiles sur l'eau semblent dans ce processus inversé traverser le ciel comme des soucoupes volantes (oui, j'ai pensé au finale de 2001 l'odyssée de l'espace). Du très concret, le film file vers l'abstraction, lignes molles, courbes inachevées pas très éloignée du cinéma surréaliste.


















Aucun commentaire: