lundi 26 novembre 2018

Liberté et patrie (Jean-Luc Godard & Anne-Marie Miéville, 2002)


Un autre film de collages après De l'origine du XXIe siècle et presque aussi beau et flamboyant, signé à deux, en duo, J-L G AMM, seules les initiales sont là en toute fin de film au bout de 20 minutes sur Lausanne et sa gloire locale, non pas le cinéaste Jean-Luc Godard qui vit à Rolle, comme tout le monde le sait, mais le peintre Aimé Pache, un homme du pays de Vaud. Pays, ça fait mieux que canton, que province. Un tableau est encore accroché dans l'arrière-salle du Café du Marché à Rolle.

On découvre des toiles, très colorées, on voit le pinceau se déplacer sur le gris et poser des couleurs. Puis on reconnaît la touche colorée des plans godardiens depuis qu'il a recours à la vidéo. Des teints vifs, des couleurs tranchées, tout cela trouvera son aboutissement dans Film socialisme. Mais pour l'instant, il expérimente dans Liberté et patrie. La peinture et la vidéo, même combat semble dire le duo de cinéastes qui s'amuse à remplir jusqu'à plus soif les plans de couleurs et les extraits de films en noir et blanc.

Si J-LG et AMM nous causent de cet Aimé Pache, c'est qu'il dialogue avec le destin du cinéaste. Un peintre parti jadis à Paris et revenu au Pays de Vaud. Jadis, il n'y a avait pas ces TGV que le duo s'amuse à filmer dans un sens, rentrant dans un tunnel sous le Jura et dans un autre sortant de ce même tunnel, la Suisse et la France, une histoire d'amour. Godard a-t-il poursuivi le destin de ce peintre en tout conscience ? A moins que ce ne soit le contraire, une sorte de plagiat par anticipation, mais qui n'arriverait qu'aux artistes de Rolle.

De l'origine du XXIe siècle, c’était l'histoire du monde en 16 minutes, Liberté et patrie, c'est l'échange des bons procédés entre la France et la Suisse en 20 minutes. Liberté, c'est celle du tableau de Delacroix, la patrie, c'est celle qui a été libérée par les Français, libérée des Allemands disent les deux voix qui se succèdent et se répondent sur des airs de musique classique. Pour une fois, le ton n'est pas mélancolique (j'ai failli écrire lémancolique), il est volontiers guilleret, amusé, presque comme un film de Chris Marker.


Pourtant il commençait mal ce film, il aurait été commandé par l'Exposition de Lausanne 2002 le 11 septembre 2001, c'est ce que disent les voix off. D'où les premiers plans des dessins des deux tours de New York et de collage d'un feu d'artifice, élément joyeux et festif, et d'un avion. Etonnant, c'est le train de l'histoire que ne cesse de filmer Godard dans Liberté et patrie, et non pas l'avion de l'histoire. (Et l'histoire en train de s'écrire) Des plans de trains, des idées de trains, il s'en trouve beaucoup dans leur film.


























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