samedi 24 novembre 2018

Le Pèlerin (Charles Chaplin, 1923)

Les vieux réflexes reviennent toujours au galop. Un policeman patrouille dans une gare, immédiatement Charlot pense que le flic est là pour l'arrêter. Car il s'est échappé de prison, comme le montre l'affichette au tout début du Pèlerin. 1000$ de récompense. Notre évadé a volé l'habit d'un pasteur qui se baignait dans une rivière. Ainsi quand le policier passe à côté de Charlot, celui-ci commence à s'enfuir en courant, comme dans tous les autres films de Charles Chaplin où les flics faisaient la chasse au vagabond. Les habitudes ont la vie longue.

Certes, l'habit fait le moine, mais Charlot a encore un peu de mal à se rappeler qu'il est censé être un pasteur dans Le Pèlerin. Or quand deux jeunes amoureux (le garçon est joué par son frère Sydney Chaplin) décident de prendre le train pour échapper au refus du père de la jeune femme, le jeune couple espère demander au pasteur de les marier, mais Charlot pense qu'ils veulent l'arrêter. La première course poursuite en forme de fuite commence, puis viennent se greffer le policeman et enfin le père de la fiancée qui veut arrêter cet hymen.

Passé cet événement, le faux pasteur veut s'en aller loin de la prison d'où il s'est échappé (il s'accroche à la grille du guichet). Il choisit au hasard une destination : Dallas au Texas. Et le hasard fait bien les choses, là où il débarque, les habitants attendaient justement leur pasteur, nommé Pim (l'histoire ne dira pas si le pasteur à qui Charlot en emprunté son habit est effectivement le révérend Pim). Tous accueillent le faux Pim avec joie et ce dernier remarque avec contentement une belle femme que joue évidemment Edna Purviance. Ce sera justement chez elle qu'il va loger.

« Vous arrivez pile pour l'office » dit le diacre au pasteur. Dans le temple, il constate qu'à sa droite, 12 membres de son église ont pris place. Un gros « 12 » apparaît à l'écran, lui rappelant le nombre de jurés à son procès. Là encore, son passé l'envahit et il a du mal à se souvenir qu'il est un autre. De la même manière quand le diacre procède à la quête, sa première pensée est de vouloir récupérer cet argent. Il houspille même un fidèle qui n'a pas donné assez à son goût, c'est qu'il surveille cette quête comme un maton surveille son prisonnier.

Les fidèles demandent un sermon. Charlot alias le faux révérend Pim se lance dans l'évocation de David et Goliath. Le pèlerin s'engage dans une narration digne d'un comédie de théâtre, d'ailleurs il recevra des applaudissements, mais uniquement d'un gamin forcé à venir à l'église et qu'un plan montrait plus tôt s'ennuyer terriblement. Charlot est content de son sermon. Si content qu'il vient remercier les fidèles en saluant comme à la fin d'un spectacle, ça y est il commence à vraiment se sentir habiter par l'habit.

Je passerai rapidement sur la séquence du gamin insupportable qui est drôle mais relève d'un burlesque classique : le gamin, fils d'une mégère bavarde impénitente et d'un père amorphe (encore joué par Sydney Chaplin), fait des caprices, tape Charlot, jette de l'eau. Il piquera le chapeau melon de son père et le pose sur le gâteau qu'a cuit Edna Purviance. Charlot le recouvrira de crème anglaise et Sydney Chaplin passera plusieurs minutes à chercher son galurin. Le père et la mère, tous deux pénibles, partiront enfin.


La dernière partie du Pèlerin est dédiée à la rédemption de notre évadé. Encore une fois par le fuit du hasard, il tombe sur son ancien co-détenu, une brute épaisse qui ne va pas hésiter à voler cette communauté. Ce dernier se rend que faire le bien est plus simple que voler. Il rendra l'argent volé par son ancien copain mais se fera tout de même arrêté par le shérif. Mais ce dernier, conscient que Charlot s'est racheté, va presque le forcer à s'échapper. Comme en début de film, ses vieux réflexes de prisonnier ont la vie dure et ne comprend pas tout de suite qu'il est libre.






















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