jeudi 15 novembre 2018

J'ai aussi regardé ces films en novembre


Bohemian rhapsody (Bryan Singer, 2018)
Ce biopic est un rouleau compresseur de conformisme où la moindre anecdote crée une chanson de Queen. C'est mis en scène avec une telle naïveté et une telle laideur de reconstitution qu'il est parfois difficile de ne pas sourire devant cette lecture grand public de la vie de Freddie Mercury, d'autant que Rami Malek malgré toutes les louanges lues ici ou là, a du mal à endosser le débardeur moulant du chanteur. La scène des lampes entre les deux appartements, celui de Freddie et celui de Mary la « petite amie » est le paroxysme du ridicule alors que c'est censé être un moment tendre. Peut-être que Bryan Singer a sabordé volontairement cette vision hétéro du chanteur où ses comparses l'accablent de mille maux, comme un règlement de comptes posthume. C'était déjà ce genre de revanche des vivants sur le mort qui plombait le Yves Saint Laurent de Jalil Lespesrt. Le couturier hier comme le chanteur aujourd'hui étaient montrés comme des monstres d'égoïsme, des drogués, des alcoolos, des libertins et ils étaient jugés sévèrement par Pierre Bergé hier et Brian May et Roger Taylor aujourd'hui. Un film sur Freddie Mercury honnête reste à faire. Juste avant Bohemian rhapsody, j'ai découvert la bande annonce de Rocketman avec l'histrion Taron Egerton dans le rôle d'Elton John. N'en jetez plus !

En liberté (Pierre Salvadori)
Voici le meilleur film français depuis des lustres. En liberté se permet le luxe d'embrasser toute une variation d'éléments comiques en un seul film. Gags de répétition, comique de situation, dialogues et répliques hilarantes, troisièmes rôles guignolesques, gags visuels et ce qui est le plus difficile trouver le bon rythme pour que ces éléments ne se percutent pas et s'épanouissent harmonieusement. Comme toute bonne comédie, ces ressorts rebondissent sur une trame dépressive (la sortie de prison, la mort d'un époux) et l'étincelle qui embrase tout cela (la révélation que la légende écrite est très éloignée de la vérité de l'histoire, bref le mensonge est le pivot du récit) apporte une singulière romance entre Adèle Haenel et Damien Bonnard. La petite ombre au tableau reste Pio Marmai, encore une fois sa voix très sourde et presque inaudible gâche plusieurs scènes. Aussi bon qu'un bon Blake Edwards.

People that are not me (Hadas Ben Aroya, 2016)
Premier film tourné par une cinéaste qui joue dans son film le rôle principal, situé à Tel Aviv, loin de la mer, loin des lieux touristiques, People that are not me suit cette jeune femme qui se prénomme Joy mais qui cache sa joie derrière sa dépression. Cette dépression est la conséquence d'une rupture avec Yonathan, Joy ne s'en est jamais remise. Elle coucherait bien avec Nir, le grand blond prétentieux ou avec Oren le costaud chauve. Elle n'y arrive jamais et passe son temps devant son ordi, en soirée dans une boîte de nuit vaguement électro. Le maître mot du film est la nudité, au sens propre comme figuré poussant le trouble jusqu'à la scène finale déchirante. Sous des a priori gauches, la construction du film est rigoureuse et le parcours inéluctable, un peu comme les films des frères Safdie, un voyage court mais intense de la comédie vers le tragique.

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