vendredi 16 novembre 2018

Boire et déboires (Blake Edwards, 1987)

Décompresser. C'est le conseil que donne sa secrétaire à Walter (Bruce Willis) col-blanc d'une quelconque entreprise publicitaire californienne. Il se réveille la tête dans le cul, file enfiler son costume sans prendre de douche, noue sa cravate sur une chemise à carreaux et court à sa réunion. Il a veillé jusqu'à 3 heures du matin pour finaliser son projet. Ce qui n'est pas le cas de son collègue, bien apprêté, sourire hollywoodien mais qui, lors de cette réunion de travail, affirme que l'ordinateur a eu un souci et qu'il ne peut pas le présenter.

Le patron félicite ce collègue inconséquent et critique Walter pour sa tenue mal fagotée. Mais il peut se rattraper au restaurant en présence d'un client japonais conservateur (on dit que sa femme est très soumise) et pour faire bonne figure, Walter doit venir avec une femme. Son carnet d'adresse étant obsolète, il se tourne vers son frère, vendeur de bagnoles, et sa belle sœur qui trouvent une femme seule pour ce soir-là. La perle rare s'appelle Nadia (Kim Basinger), unique conseil de la belle sœur : ne pas la faire boire.

S'ils étaient restés sobres, Blake Edwards aurait terminé son film au bout de 10 minutes. Mais Nadia accepte de boire deux flûtes de champagne. Walter avait peur qu'on lui envoie un laideron et c'est dans l'obscurité qu'il découvre Nadia avant qu'une lampe ne vienne dévoiler sa charmante silhouette et son beau visage. Voilà comment Walter célèbre ce rendez-vous improvisé (le blind date du titre américain), avec quelques bulles de champagne avant de retrouver son patron, son collègue et le client japonais.

Une robe rouge, voilà de quoi déclencher l'étincelle qui mettra le feu aux poudres pendant la première heure de Boire et déboires. La scène de restaurant fait un clair hommage à la fois à The Party (la perruque de la Japonaise remplace le volatile) et à Victor Victoria (le serveur récalcitrant). Nadia, complètement soûle, brise tout ce qui se trouve sur son chemin : d'abord le bouquet de fleurs cossu, ensuite la poche de la veste de Walter, enfin le mariage du riche Japonais avec son épouse (hilarant hiatus sur les avocats californiens qui sautent sur ce divorce).

A la limite, la soirée aurait pu se terminer ainsi mais Blake Edwards ajoute un troisième larron dans cette débandade, David Bedford (John Larroquette), l'ancien petit ami de Nadia. Il croise Walter et Nadia lors d'un vernissage aux peintures très sexuelles, un peu avant le restaurant. Nadia a déjà un peu picolé mais reste digne. David lui ne sait pas rester digne et s'empresse, dans sa jalousie maladive qui consiste à protéger à outrance Nadia, contre sa volonté, de prendre en défaut Walter. Physiquement, c'est déjà drôle car David est encore plus grand que Walter.

Il a beau porter un nœud papillon, David reste un grand gamin, comme à peu près tous les personnages de Boire et déboires. Nadia est son jouet et il refuse que Walter joue avec. David révélera plus tard qu'il dort encore avec son doudou lorsqu'il se retrouve chez ses parents, le père est juge, la mère passe son temps à jouer au golf. David joue à emboutir les décors avec sa voiture (surtout les vitrines des magasins, running gag), mais aussi la bagnole de Walter, un tacot blanc, l'un des accessoires important du film.


Les déboires accumulés au cours de cette soirée concentrée sur une heure de film auraient dû dégoûter Walter, mais non, après un passage par la case prison et devant le juge, il ne renonce pas à Nadia et entend bien empêcher le mariage arrangé avec David. La dernière partie du film est axée sur une théâtralité plus classique, portes qui claquent, chien méchant, corps qui chutent (à cause des balles de golf, à cause de la rambarde d'une terrasse). C'est moins drôle que ce qui a précédé mais ça reste très drôle. Enfin, Walter peut décompresser au bord de l'océan.






















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