mardi 28 août 2018

J'ai aussi regardé ces films en août


Le Monde est à toi (Romain Gavras, 2018)
Avec ce titre qui fait appel aux Scarface, Romain Gavras place la barre très haute mais le film m'a fait pensé à cette pseudo Nouvelle vague de jeunes cinéastes français (Gilles Mimouni, Jan Kounen, Graham Guitt, Didier Le Pêcheur) apparus au milieu des années 1990 et qui entendaient renverser la vapeur du cinéma français. Las, malgré le soutien infaillible du magazine Studio, Le film commence avec deux bonnes idées, travaillant sur le son, Poutine et les deux Mohamed attendent en silence le passage d'un RER bruyant pour attaquer l'alarme, Vincent Cassel bafouille ses dialogues absurdes. Et au bout de cinq minutes, il n'y a plus une seconde de cinéma. Le rythme est indolent avec un scénario consistant à faire des retournements de situation tous les quarts d'heure sur le mode « tel est pris qui croyait prendre ». Isabelle Adjani est très drôle en mère indigne.

Mission impossible fallout (Christopher McQuarrie, 2018)
Au beau milieu du film, un agence quelconque décide de faire atterrir un hélicoptère transportant le plus dangereux criminel du monde sur le toit du ministère des finances à Bercy pour ensuite l'emmener dans un autre. Evidemment au beau milieu de la journée quand la circulation est dense (et oui, c'est Paris). Bien entendu, le plus dangereux criminel au monde va parvenir à s'échapper car il a encore des hommes qui le soutiennent. On se demande bien pourquoi il a débarqué là au lieu d'un endroit moins risqué. Cela s'appelle un « Jump the shark » quand le scénario fait n'importe quoi pour faire de l'action. Ça fait maintenant 22 ans que Tom Cruise endosse le personnage d'Ethan Hunt mais on dirait qu'il n'a acquis aucune expérience en 6 films. Mais surtout, le film est totalement à la ramasse en comparaison des autres films d'espionnage de ses dix dernières années. A vrai dire, Tom Cruise se retrouve dans la même situation que Bruce Willis avec ses derniers Die hard, on a envie de lui : « arrête, pas à autre chose ».

Ultra rêve (Caroline Poggi & Jonathan Vinel, Yann Gonzalez, Bertrand Mandico, 2018)
J'avais déjà évoqué Ultra pulpe lors de son passage à la télévision. Je suis allé revoir, au cinéma cette fois, avec les deux autres films de cette ensemble de courts-métrages. La première chose que je puisse dire est que je suis ravi de voir des films aussi étranges en salle (hélas peu de monde dans la salle). After school knight fight, le premier, est le plus abordable, le plus simple, quatre jeunes gens qui se retrouvent à l'orée d'une forêt. Ils savent qu'ils ne vont sans doute plus jamais revoir la fille qui a décidé de partir faire ses études à Paris. Le film exprime la rétention du désir dans un calme déroutant. Les Îles, le deuxième film, vaut l'interdiction aux moins de 16 ans du programme, pour quelques scènes de nudité, dans un délice de couleurs échappées d'un film de la fin des années 1970. Un monstre au visage défiguré, un couple au bord d'une sculpture monumentale et callipyge, des garçons qui se masturbent dans un parc la nuit, Yann Gonzalez continue son exploration d'une sexualité libre et marginale dans une construction rigoureuse en trois chapitres où chaque geste, regard et baiser trouve un écho d'un chapitre à l'autre.

Mamma mia Here we go again (Ol Parker, 2018)
En tant que fan de Mamma mia (et j'ai même convaincu, il y a 10 ans, deux de mes amis les plus cinéphiles d'aller voir le voir, ils m'en veulent encore), je ne pouvais pas ne pas aller voir cette suite qui prend la forme d'un « 10 ans plus tard » et d'un flashback sur les relations des trois papas avec la maman. Ce qu'il faut d'abord dire est que les chansons qui sont interprétées dans le film sont les moins connues de Abba, en tout cas je ne les ai jamais entendues (sauf Waterloo et encore une fois Dancing Queen), bref c'est les soldes. Ensuite, Meryl Streep ne joue pas dans cette suite, sordidement, son personnage est annoncé comme décédé par sa fille. Enfin pour être juste, Meryl Streep vient faire un coucou en fin de récit, tel un fantôme qui vient surveiller sa fille. Enfin, tout ce qui pouvait m'attirer dans Mamma mia est absent dans Here we go again, c'est à dire l'esprit camp, queer, pansexuel, l'atmosphère franchement vulgaire, tout ça a disparu. Pas un seul bout de peau est découvert, aucune sensualité, encore moins de sexualité, même Colin Firth n'est plus gay et rien dans son flashback ne laisse penser qu'il l'est. C'est dire qu'en 10 ans la pudibonderie a gagné du terrain à Hollywood. SAD !

Aucun commentaire: