lundi 27 août 2018

A la hauteur (Clyde Bruckman, 1930)

Le deuxième film parlant de Harold Lloyd est mieux conçu que Quel phénomène mais c'est pas encore une réussite. L’acteur producteur poursuit ses gags tirés du muet, un plan serré montre une chose un plan large contredit le plan précédent. Premier exemple, Harold aide une femme à choisir des chaussures, la caméra fait un travelling arrière, les jambes sont celles d’un mannequin d’osier. C’est que Harold rêve de devenir vendeur chez le chausseur Tanner. Seulement voilà, il est terriblement timide et velléitaire. Ce qui pousse au deuxième exemple où cette fois il utilise un gag sonore. Harold donne un beau discours, il est fortement applaudi. Il est ensuite révélé que les applaudissements sont enregistrés sur un disque que joue un gramophone. La plupart des gags sont toujours trop longs, répétitifs, étirés jusqu'à l'excès.

Le meilleur gag de A la hauteur prend place sur un paquebot qui va de Hawaii, où commence le film, à Los Angeles. Harold est tombé amoureux de la secrétaire de son patron qu’il prend pour sa fille. Il fait donc croire à Barbara (Barbara Kent) qu’il est haut placé dans la boîte. Sans le sou, il embarque dans le paquebot. Passager clandestin, il a faim. Il invente tout un stratagème pour picorer le petit déjeuner de Barbara. Cela passe par un tour d’adresse, il montre son habileté à attraper les cacahuètes qu’il se lance (je ne suis pas certain que ce soit cet aliment), il demande même à Barbara de lui jeter ces cacahuètes comme un chien savant. Puis c'est au tour du café « saviez-vous qu’on peut le boire dans sa soucoupe » et aussi le bacon qu’il feint de donner à un toutou qui réclame pour l'avaler caché. C'est une série de passe passe amusant où il s’invente un personnage pour échapper aux quiproquos qu'il crée.


Pour s’assurer le succès Harold Lloyd revient à ce qui a fait sa célébrité : l'équilibriste qui manque de tomber de l'immeuble comme dans High and dizzy et Monte là d'ssus. Pour Harold c’est d’abord le trajet du paquebot au mur d’un immeuble qu’il doit effectuer. Fastoche, Harold est trimbalé dans un sac postal. C'est sur le mur que ça se complique. Il est confronté à un obstacle de taille, l'échafaudage de deux ouvriers qui sont sur le toit. L'échafaudage monte et descend et se cogne à Harold. Il appelle à l’aide mais personne ne l’entend sauf un commis noir (Willie Best) qui accepte de l’aider. Le portrait de ce commis repose sur une série de stéréotypes que l’on peut qualifier aujourd'hui de racistes mais devaient faire rire le public d’Harold Lloyd en 1930. Paresseux, nonchalant, long à la détente, mou, peureux, cette figure du noir aimerait bien aider Harold mais il fait tout de travers, bref un grand enfant comme il apparaissait toujours dans le cinéma.






















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