Mr.
Smith est un gentil toutou, qui sait faire des tours de baballe, un
fox-terrier blanc au centre du divorce de Lucy et Jerry Warriner
(Irene Dunne et Cary Grant). Car dans Cette sacrée vérité,
on divorce pour un rien et comme le couple n'a pas d'enfant, ils se
disputent la garde du chien. Au tribunal, c'est à celui qui saura
l'attirer vers lui, ainsi en a décidé le juge. Lucy, plus maline
que Jerry, montre à Mr. Smith son jouet favori et le voilà qui se
dirige vers sa maîtresse.
Comment
ce fringant couple de New York en est-il arrivé à divorcer ?
Deux mensonges s'empilent dès l'ouverture du film. Jerry débarque
dans un club athlétique pour se faire bronzer car il a fait croire à
Lucy qu'il est parti en vacances en Floride. Or, il doit apparaître
le teint halé de celui qui a passé du temps sous le soleil du sud.
Pour prouver qu'il s'est bien rendu en Floride, il va lui offrir une
corbeille de fruits, elle va vite découvrir que les fruits viennent
d'ailleurs.
Il
invite quelques amis du club à venir chez lui et là se rend compte
que Lucy n'est pas là. Elle débarque dans un superbe manteau de
fourrure blanc, tout sourire, mais pas seule. Avec elle, le très
distingué Armand Duvalle (Alexander D'Arcy) son professeur de chant
mais aussi sa tante Patsy (Cecil Cunningham), femme immense et
sarcastique – l'un des personnages comiques les plus aboutis du
film. Lucy a passé la nuit loin de chez elle.
Deux
soupçons suffisent pour aller au tribunal et se séparer. Chacun
chez soi mais près l'une de l'autre. Lucy a la bonne idée de
s'installer chez sa tante Patsy qui va se faire un plaisir de
dégotter à sa nièce le premier gars venu pour qu'elle ne reste pas
seule. Et ce sera le gentil célibataire Dan Leenson (Ralph Bellamy)
qui vit avec sa maman car comme il le dit benoîtement « le
meilleur ami de l'homme est sa mère ».
Choisir
ce gars de l'ouest américain (il vient de l'Oklahoma) est la
garantie de ne jamais encourir de mensonges. Il est brut de
décoffrage, Leo McCarey le montre dans l'une des scènes les plus
drôles danser, avec son habit de cow-boy (grosses cravate nouée,
chemise bouffante) comme un plouc, provoquant l'hilarité de Jerry
témoin du spectacle. Chacun cherche à humilier l'autre, à le
placer dans des situations embarrassantes devant le nouveau conjoint.
Ce
sont les séquences « musicales » (sans être une comédie
musicale, la musique a une importance majeure) qui déclenchent les
plus grands quiproquos et gags. Ainsi, Jerry veut surprendre Lucy en
pleine adultère (comprendre, elle tromperait déjà Dan avec son
professeur) et il débarque dans son récital comme une furie. Le
corps gigantesque de Cary Grant qui se prend les pieds dans les
meubles, crée le chaos dans cette ambiance mondaine.
Ailleurs,
la nouvelle amie de Jerry, la bien nommée Dixie Belle Lee (Joyce
Compton) chante au cabaret et à chaque couplet sa robe se soulève
dans un souffle d'air (comme Maryline Monroe dans Bus stop
avec 15 ans d'avance) provoquant un effet des plus ridicules. Bref,
les nouveaux conjoints que chacun se sont choisis – ou qu'on leur a
choisi – sont à l'opposé du couple qu'il formait, évidente
manière de démontrer qu'ils se trompent totalement en divorçant.
Dans
cette ambiance de grand théâtre burlesque des sentiments, les
personnages sexuellement ambivalents portent la vérité du couple à
son paroxysme. La tante Patsy est très masculine, pour ne pas dire
virile rembarrant chaque protagoniste (et en premier lieu Jerry)
tandis qu'Armand décline une touche de féminité, servant à
compliquer encore plus l'imbroglio amoureux dans lequel se délecte
Jerry et Lucy.
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