C'était
le début de la mode des films de gangsters en costumes, à partir de
personnages réels, Bugsy avec Warren Beatty, Billy
Bathgate avec Dustin Hoffman, et ça n'a jamais arrêté (depuis
les films évoquent les années plus récentes, voir Le Loup de
Wall Street ou Le Grand jeu, sur les errements du
capitalisme). Chaque fois c'est l'ascension et la chute d'un caïd.
Danny DeVito se consacre à James Hoffa, syndicaliste américain
(chez les camionneurs) qui finira par disparaître en 1975 sans que
personne ne sache s'il a été tué par la mafia ou pas.
Comme
dans La Guerre des Rose, Danny DeVito se fait le narrateur du
film. Il joue Bobby Ciaro le bras droit de Hoffa (Jack Nicholson).
Tous deux attendent dans leur belle voiture quelqu'un, on ne saura
qu'au bout d'un long moment l'identité de cet homme qui ne vient
pas. Ils sont devant un relais routier qui va se vider au fil des
heures. L'idée narrative de Hoffa est celle du souvenir par
un montage très simple, une courte scène d'attente dans la voiture,
une longue séquence de la vie de Hoffa et de Ciaro.
Au
noir de l’œil filmé en gros plan succède la nuit étoilée où
les deux hommes se rencontrent pour la première fois (certains de
ces fondus mémoriels frisent le ridicule). Ciaro est un chauffeur de
marchandises épuisé et Hoffa l'encourage à se syndiquer pour faire
avancer ses droits. Evidemment, Ciaro est réticent, il veut pas
perdre son boulot. En tout cas au début. C'est que les droits des
travailleurs dans cette Amérique de l'après-guerre étaient
inexistant. Tu fais pas ton boulot, t'es viré, dit le patron sans se
soucier de l'avenir de l'employé.
Les
deux hommes deviennent vite inséparables et Ciaro est témoin des
méthodes de Hoffa pour donner à son syndicat la puissance qu'il
exige. Assez tôt, Ciaro est estomaqué par le bagout de son nouvel
ami et ce dernier répond sans ambages qu'il touche un pourcentage
chaque fois qu'un camionneur adhère à son syndicat. C'est ainsi que
l'homme va faire petit à petit sa fortune et qu'il va commencer à
fricoter avec la mafia et notamment D'Allessandro (Armand Assante),
l'homme qui devait venir au rendez-vous.
Hoffa
n'est pas le meilleur film de Danny DeVito et Hoffa n'est pas la
composition la plus fine de Jack Nicholson. L'acteur s'en donne à
cœur joie dans la confrontation avec la commission d'enquête
dirigée par le Secrétaire d'état à la justice, Robert Kennedy
(Kevin Anderson). Danny DeVito semble prendre le parti de Hoffa et
quand l'un de ses adjoints, l'irlandais Connelly (John C. Reilly)
devient témoin à charge, il l'accable. C'est donc un portrait très
positif de cet homme dont la violence est décrite comme une réponse
à celle du patronat.
Parfois
Danny DeVito, sur la base du scénario démonstratif de David Mamet,
essaie de verser dans la grande émotion. Le moment clé est celui de
la grande grève qu'organise Hoffa, une grève inconditionnelle où
il ne veut pas céder pas plus que les patrons. Entre en jeu un gamin
et sa maman, deux personnages très secondaires qui doivent être
touchant. La grève est sévèrement réprimée, les cadavres sont
nombreux. Hoffa s'inquiète du sort de l'enfant, ouf, tout va bien,
il a beau être entouré de cercueils, sa maman est toujours vivante.
C'est tristement démagogique.
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