mercredi 22 août 2018

Hoffa (Danny DeVito, 1992)

C'était le début de la mode des films de gangsters en costumes, à partir de personnages réels, Bugsy avec Warren Beatty, Billy Bathgate avec Dustin Hoffman, et ça n'a jamais arrêté (depuis les films évoquent les années plus récentes, voir Le Loup de Wall Street ou Le Grand jeu, sur les errements du capitalisme). Chaque fois c'est l'ascension et la chute d'un caïd. Danny DeVito se consacre à James Hoffa, syndicaliste américain (chez les camionneurs) qui finira par disparaître en 1975 sans que personne ne sache s'il a été tué par la mafia ou pas.

Comme dans La Guerre des Rose, Danny DeVito se fait le narrateur du film. Il joue Bobby Ciaro le bras droit de Hoffa (Jack Nicholson). Tous deux attendent dans leur belle voiture quelqu'un, on ne saura qu'au bout d'un long moment l'identité de cet homme qui ne vient pas. Ils sont devant un relais routier qui va se vider au fil des heures. L'idée narrative de Hoffa est celle du souvenir par un montage très simple, une courte scène d'attente dans la voiture, une longue séquence de la vie de Hoffa et de Ciaro.

Au noir de l’œil filmé en gros plan succède la nuit étoilée où les deux hommes se rencontrent pour la première fois (certains de ces fondus mémoriels frisent le ridicule). Ciaro est un chauffeur de marchandises épuisé et Hoffa l'encourage à se syndiquer pour faire avancer ses droits. Evidemment, Ciaro est réticent, il veut pas perdre son boulot. En tout cas au début. C'est que les droits des travailleurs dans cette Amérique de l'après-guerre étaient inexistant. Tu fais pas ton boulot, t'es viré, dit le patron sans se soucier de l'avenir de l'employé.

Les deux hommes deviennent vite inséparables et Ciaro est témoin des méthodes de Hoffa pour donner à son syndicat la puissance qu'il exige. Assez tôt, Ciaro est estomaqué par le bagout de son nouvel ami et ce dernier répond sans ambages qu'il touche un pourcentage chaque fois qu'un camionneur adhère à son syndicat. C'est ainsi que l'homme va faire petit à petit sa fortune et qu'il va commencer à fricoter avec la mafia et notamment D'Allessandro (Armand Assante), l'homme qui devait venir au rendez-vous.

Hoffa n'est pas le meilleur film de Danny DeVito et Hoffa n'est pas la composition la plus fine de Jack Nicholson. L'acteur s'en donne à cœur joie dans la confrontation avec la commission d'enquête dirigée par le Secrétaire d'état à la justice, Robert Kennedy (Kevin Anderson). Danny DeVito semble prendre le parti de Hoffa et quand l'un de ses adjoints, l'irlandais Connelly (John C. Reilly) devient témoin à charge, il l'accable. C'est donc un portrait très positif de cet homme dont la violence est décrite comme une réponse à celle du patronat.


Parfois Danny DeVito, sur la base du scénario démonstratif de David Mamet, essaie de verser dans la grande émotion. Le moment clé est celui de la grande grève qu'organise Hoffa, une grève inconditionnelle où il ne veut pas céder pas plus que les patrons. Entre en jeu un gamin et sa maman, deux personnages très secondaires qui doivent être touchant. La grève est sévèrement réprimée, les cadavres sont nombreux. Hoffa s'inquiète du sort de l'enfant, ouf, tout va bien, il a beau être entouré de cercueils, sa maman est toujours vivante. C'est tristement démagogique.

























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