1941
est largement le mal aimé de la filmographie de Steven Spielberg,
tourné entre Rencontres du troisièmes type et Les
Aventuriers de l'arche perdue (mal aimé dans la première
décennie de sa filmographie, je pense que personne n'aime Le
Terminal). 1941 est le cas unique de comédie burlesque et
peut-être est-ce que j'aime autant ce film parce qu'il ressemble
beaucoup au style de Robert Zeemckis qui en a écrit le scénario
avec son comparse Bob Gale. On retrouve quatre acteurs de Crazy day, le premier film de Robert Zemeckis dans quatre rôles
principaux (Nancy Allen, Bobby Di Cicco, Eddie Deezen et Wendie Jo
Sperber).
C'est
un cas de récit explosé comme on en voit rarement dans le
divertissement, aucun personnage principal mais plusieurs groupes
(celui des bidasses dirigés par Dan Aykroyd avec Treat Williams,
Frank McRae, John Candy et Mickey Rourke), des duos (Nancy Allen et
Tim Matheson / Eddie Deezen et Murray Hamilton / Dianne Kay et
Wendie Jo Sperber / Bobby Di Cicco et Perry Lang) et des solos (John
Belushi, Robert Stack, Slim Pickens). Chacun a sa partition comique,
son rôle dans le récit mais le tout est de faire mélanger ces
individualités, de les faire passer d'un ensemble à un autre et des
les voir réagir face à l'arrivée des Japonais (le duo Toshiro
Mifune et Christopher Lee).
Tout
se déroule en une seule journée à Los Angeles, le 13 décembre
1941, une semaine après l'attaque de Pearl Harbor. Dans les rues,
les décorations de Noël sont déjà installés (guirlandes et Père
Noêl gonflables), au cinéma on projette Dumbo (le général
que joue Robert Stack veut le voir et en connaît les dialogues par
cœur), les soldats se préparent à une grande soirée dansante où
ils pourront flirter avec les jeunes femmes. Mais l'armée craint une
invasion des Japonais par l'air, mais c'est par sous-marin qu'ils
vont arriver (première scène en parodie des Dents de la mer).
Ils veulent attaquer Hollywood et se retrouve vers San Monica.
De
la manière que les groupes de personnages sont disparates, l'action
a lieu sur plusieurs lieux. Si l'action finale a lieu au bord de
l'océan – comme elle avait commencé (dans le parc d'attractions
et sur la falaise dans la maison de la famille Douglas), les
protagonistes se déplacent tout au long de la nuit dans un mouvement
qui apparaît sans aucune coordination, manière de décrire le chaos
de la guerre surtout quand elle n'a même pas lieu avec une volonté
démiurgique de faire non seulement exploser les groupes de
personnages pour mieux les recomposer mais aussi de faire exploser
les décors qui ont jusque là abrité ces personnages, dans la
grande tradition des films de guerre épiques, le genre préféré de
Robert Zemeckis.
Film
de guerre mais avant tout film comique. Celui qui se donne à fond
est John Belushi en pilote d'avion dégénéré qui voit des Japs
partout. Cigare au bec, vitupérant, il traverse le ciel et trouvera
plus barré que lui, le capitaine Maddox (Warren Oates), qui porte
bien son nom. Mis au placard par le général Robert Stack, Maddox
voit aussi des ennemis partout. Dans le genre timbré, Robert Stack
est pas mal mais joue inversement à John Belushi, il retombe en
enfance (il regarde Dumbo), il ne semble pas se préoccuper de
l'invasion quand les deux autres semblent espérer cette invasion
japonaise histoire de redorer leur blason et de justifier les
déferlements de mitraillettes, la guerre est pour eux un jeu
d'enfants. Bref, les militaires sont des gamins.
Dans
le même genre de facéties, le duo que forment Donna (Nancy Allen)
et Loomis (Tim Matheson) se détache du récit. Donna est
l'assistante du général, Loomis est un sergent. Il n'a envie que
d'une chose, pour coucher avec elle. Elle n'accepte que dans un
avion, en plein vol. Seulement voilà, il a été viré de l'académie
de pilote. Mais cela ne l'empêchera de faire toutes les bases
aériennes pour trouver un coucou. Là encore, les personnages dans
les hautes sphères de l'armée américaine planent à mille lieux,
incapables de prendre des décisions rationnelles, ils n'agissent que
pour leur propre compte (un film, une baston, un coup en l'air) et
chacun d'eux apportera sa part dans le chaos qui se prépare au
centre de Los Angeles.
Inversement,
on suit le parcours d'un jeune gars, Wally (Danny Di Cicco), cuistot
le jour et danseur la nuit. Assez vite, il va attiser la haine de
Stretch (Treat Williams, très loin de son rôle de hippie
antimilitariste dans Hair), un soldat bas de plafond qui veut
danser avec la petite amie de Wally. Au milieu de toutes ses micros
batailles, celle entre Wally et Stretch occupe l'ensemble du film,
une course poursuite totalement inspirée de celle de personnages de
cartoons (Tom et Jerry ou Bip-bip et le coyote) avec son climax, la
soirée danse et la baston qui la suit. Ce sont eux qui tiennent le
film, du petit boui-boui où les disputes commencent jusqu'à la
maison des Douglas. 1941 est un éloge du cinéma burlesque
déguisé en film de guerre, c'est brillant et subtilement hilarant.
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