Les
Proies (Sofia Coppola, 2017)
Je
n'ai pas vu Les Proies de Don Siegel, je serai donc dans
l'incapacité de le comparer avec le film de cette chère Sofia
Coppola, jadis enfant chérie de la critique (pour ses trois premiers
films) et aujourd'hui complètement passée à l'as (pour ses trois
derniers films). D'abord, passer de Clint Eastwood à Colin Farrell,
c'est comme se faire servir pour un repas de Noël une salade
d'endive. Cela dit, Sofia Coppola a toujours aimé les acteurs sans
charisme (Josh Hartnett, Stephen Dorff, et tout le casting de Bling
ring). Mais ce qu'elle aime par dessus tout, c'est les défilés
de robes. L'occupation favorite de ce groupes de femmes et de filles
est de coudre (seule Kristen Dunst enseigne le français) et quand le
soldat confédéré est enfin invité à dîner, elles portent de
superbes robes de 1863. Le film est évidemment crépusculaire dans
un cadre restreint, la musique est rare. Voilà tout.
Upstream
color (Shane Caruth, 2013)
C'est
le film de science fiction le plus ambitieux du moment, un récit qui
prend son temps, tout son temps, avare de dialogues et d'explications
pour arriver à ses fins. D'abord la culture des larves de vers par
un homme peu loquace et qui va envoûter une femme avec une mixture
secrète. Elle perd alors toute sa mémoire récente et l'homme peut
la manipuler et voler tous ses biens. Plus tard, le film poursuit
dans la mystère avec un élevage de cochons, on comprend lentement
mais sûrement, toujours avec une économie d'indices, que l'âme de
la femme est dans le cerveau du cochon. Seulement voilà, pourquoi
faire simple quand on peut faire compliqué. Comme tout film
estampillé Sundance, Shane Caruth – qui joue aussi le rôle
masculin principal avec une absence de charisme lassante –
multiplie les effets chichiteux et superficiels (musique aérienne,
plans flous, montage abrupt) qui balaient la simplicité du récit.
Sans doute imagine-t-il que c'est cela qu'être auteur. David
Cronenberg le contredit à chaque film. Mais tout de même quelle
jolie bizarrerie a sorti la petite société ED Distribution.
Hitman
& bodyguard (Patrick Hughes, 2017)
Au
début de The Other guys d'Adam McKay, Samuel L. Jackson
jouait au côté de Dwayne Johnson un flic particulièrement
intrépide mais terriblement stupide. Une séquence courte mais
tellement jubilante. Hitman & bodyguard reprend ce genre
de parodie en le flanquant de Ryan Reynolds qui se débrouille de
mieux en mieux dans la comédie. Inutile de parler du scénario car,
comme tout film parodique, il n'a aucun sens mais puise son
inspiration dans le débridement des années 1990, le modèle serait
Le Dernier samaritain de Tony Scott, chef d’œuvre burlesque
et surréaliste. Exemple typique, le tueur à gages et son garde du
corps parviennent, par miracle, à esquiver toutes les balles de leur
ennemi – ou presque. Et cet ennemi est le président de la
Biélorussie que joue avec un sérieux pompier donc parodique Gary
Oldman. Patrick Hughes n'a pas la charge politique d'Adam McKay ni
ses réflexions sur la puissance du cinéma mais il offre à Salma
Hayek un rôle puissamment comique. C'est déjà pas mal, c'est déjà
beaucoup.
Moi
moche et méchant 3 (Pierre Coffin, Kyle Balda & Eric Guillon,
2017)
Je
suis allé voir Moi moche et méchant 3 parce que c'est, pour
l'instant, le film qui a engrangé le plus grand nombre de
spectateurs français dans les salles. Je n'ai pas été déçu. Tout
est horrible et à commencer par la VF des frères Elmaleh. Je n'ai
pas l'habitude d'utiliser l'adjectif hystérique, mais là je n'ai
pas d'autres mots. Ils hurlent tous leurs dialogues tellement fort et
fiers d'eux que même Audrey Lamy paraît sobre à côté. L'image
est atroce comme dans tous les films d'animation de ce genre avec des
couleurs identiques à celles du vomi des pochtrons du samedi soir.
Le scénario est également pris de hoquet, chaque scène est à
peine commencée qu'on passe ailleurs. Plein d'enfants dans la salle,
comment pourront-ils aimer le cinéma d'animation, celui qui est
gracieux, avec une telle purge ?
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