lundi 28 août 2017

Mireille Darc (1938 - 2017)

Il y a tout juste 50 ans, Jean-Luc Godard s’apprêtait à commencer le tournage de Week-end, le couple vedette était tenu par Jean Yanne et Mireille Darc. Elle racontait dans son livre de souvenirs (les propos sont rapportés dans la biographie d'Antoine de Baecque consacrée à JLG) que c'est elle qui était allée rencontrer le cinéaste pour changer de registre, puis que le tournage fut fort difficile, que Godard l'humiliait sans cesse, la faisait lambiner avant de lancer « moteur », qu'il l'avait fagotée dans des tenues étriquées. Week-end est une bizarrerie godardienne, coincée entre La Chinoise et Le Gai savoir, eux filmés avec sa garde rapprochée (Jean-Pierre Léaud, Juliet Berto et son épouse Anne Wiazemski) et amorçant son virage gauchiste.

Mireille Darc est souvent filmée de loin dans Week-end, en plans très larges. Jean-Luc Godard la mettait en scène à contre-emploi de tout ce qu'elle a fait jusqu'alors, c'est-à-dire essentiellement des rôles de femmes de tête. Mes deux films préférés de Georges Lautner, son cinéaste de prédilection, sont Les Barbouzes et Ne nous fâchons pas. Entourée de Lino Ventura, Francis Blanche, Bernard Blier et Charles Millot, ainsi que des visites rutilantes de Jess Hahn, elle joue dans le premier une veuve soi-disant éplorée. Elle fait tourner chèvre tous ces espions venus s'emparer de brevets. Comme dans tout film du duo Lautner Audiard, ce sont les répliques qui valent plus que les situations et surtout les numéros de cabotinage, comme dans Ne nous fâchons où elle est censée être l'épouse de Jean Lefebvre.

L'image la plus célèbre de Mireille Darc vient du Grand blond avec une chaussure noire, encore un film d'espionnage mais moins parodiques que ceux de Georges Lautner. Elle apparaît face à Pierre Richard dans une longue ronde terriblement échancrée où tout son dos est découvert jusqu'au bas des reins. Elle s'appelait Christine et elle allait ensuite mettre quelque chose de plus confortable. L'idée du film, contrairement aux personnages de Georges Lautner, était de mettre un élément perturbateur mais calme dans l'univers bourré de quiproquos de Pierre Richard, le chien fou incapable de séduire l'une des rares actrices blondes du cinéma français. Elle avait ne coiffure et un nez incomparables, une diction et une voix lente un peu hésitante, un jeu à la limite du faux. Elle avait arrêté le cinéma en 1986.

Dans l'ordre : Le Grand blond avec une chaussure noire (Yves Robert, 1972), Week-end (Jean-Luc Godard, 1967), Les Barbouzes (Georges Lautner, 1964), Ne nous fâchons pas (Georges Lautner, 1966)

















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