Neuf
mecs autour d'une piscine en plein été, combien de possibilités ?
Pour Fernando dit Fer (Lucas Papa), le propriétaire des lieux (enfin
ses parents partis en vacances et qui laissent la maison au grand
fiston), c'est l'occasion d'inviter un de ses collègues de l'équipe
de taekwondo où il s’entraîne à Buenos-Aeres, le prénommé
German (Gabriel Epstein). Ce dernier parcourt, son sac sur le dos,
les derniers mètres qui séparent la station de bus de la maison
accompagné de Fer, en short, torse nu.
Il
s'agit de présenter maintenant les sept amis de Fernando et c'est un
défi pour Marco Berger qui s'était habitué jusque là à se
concentrer sur uniquement deux personnages. Pour cela, il s'est
associé avec Martin Farina, jeune réalisateur argentin qui avait
filmé, pour un documentaire, son frère aîné et ses potes d'une
équipe de football. Finalement, c'est à ça que j'ai pensé (à
cause du titre aussi), une bande de sportifs au repos entre
vestiaires et repos.
Les
deux cinéastes commencent tout simplement par faire visiter la
maison à German, sous son regard étonné de voir la plupart des
gars sont encore endormis, deux ou trois par chambre, avachis en slip
et caleçon sur les matelas. L'extraverti Lucho vient prendre son
petit déjeuner dans la cuisine la queue en l'air. German, plus tard,
appellera un de ses amis en expliquant qu'il n'en croyait pas ses
yeux tout en se demandant, et espérant, que Fer soit gay.
Car
bien entendu, comme dans ses films précédents, Marco Berger entre
ce premier plan où Fernando et German ne sont qu'un duo parmi tous
les autres et le dernier plan (que l'on espère et attend) où Fer
dit enfin à German « Je peux t'embrasser ? » et
qu'ils s'embrassent tandis que la nuit tombe, il se passe plusieurs
jours où German ne sait pas vraiment comment agir, comment faire
pour enfin arriver à sortir avec Fernando, dont il ne sait même pas
s'il est, lui aussi, gay.
Les
amis de Fernando, ces sept potes accueillent avec bienveillance
German, mais ils ne feront rien pour lui faciliter la tâche. C'est
même un peu le contraire. German observe la troupe avec attention,
analyse chaque comportement et il remarque la grande liberté établie
entre eux, surtout la décontraction avec laquelle ils laissent vivre
leur corps. Pas une once de fausse pudeur chez eux, d'ailleurs Marco
Berger n'avait jamais autant filmé ainsi les corps totalement nus,
et il ne s'en prive pas, bien au contraire.
Comme
à son habitude, le récit ne subit pas de crescendo qui ferait
avancer la narration. Les activités sont réduites : piscine,
manger, dormir, sortir le soir, parler des filles, de leurs
conquêtes. German écoute sans n'avoir rien à raconter, Fernando ne
dit pas grand chose non plus, mais il compte quand même sur ses
potes pour lancer des perches à German, qui se trouve un peu dans la
position du spectateur passif, il avance à vue et se réfugie
souvent dans la salle de bains.
Avec
un si grand nombre de personnages, des vitelloni argentins, il
se crée souvent quelques tensions, des jalousies jaillissent (l'un
d'eux semble deviner ce qui se trame et cherche à écarter Ger de
Fer). Mais en substance, ce que dit Taekwondo est que rien ne
ressemble plus un mec nu qu'un autre mec nu et que le désir, c'est
exactement la même chose et il suffit que les obstacles devant Fer
rentrent chez eux pour que Ger tombe dans ses bras.
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