C'est
l'histoire d'un père et d'un fils, Rodolphe et Laurent,
respectivement joués par Paul Vecchiali et Pascal Cervo. Une
histoire sur 10 ans, commencée au printemps 2007 dans la grande
maison du père entourée d'un jardin. Le fils n'a pas vu son père
depuis des années et il s'installe chez lui, au rez-de-chaussée,
dans son gourbi comme dit le père. Lui, loge au second étage. Et
les voilà embarqués tous les deux dans la valse des souvenirs
tandis que sur l'écran s'égraine le temps et que les femmes qui ont
compté dans la vie de Rodolphe viennent lui rendre des comptes.
Ce
sont chaque fois des bribes d'histoire qu'elles viennent raconter, de
leur vie commune avec ce vieux monsieur qui aimait la bagatelle,
elles ont été ses amoureuses, maîtresses, amantes, amies. C'est
Christiane (Annie Cordy) qui est la première à ouvrir le bal, avec
son grand sourire et sa joie de vivre. Ils ne sont pas vus depuis 20
ans. C'est Valentine (Françoise Lebrun) qui poursuit, venue annoncer
qu'elle rentre dans les ordres, chez les Dominicaines. Puis Mimi
(Françoise Arnoul) vient danser avec Laurent, elle mourra dans la
maison.
On
frappe au portail, voici Sarah (Edith Jacob) qui fait son apparition,
vêtue en bonne sœur, elle vient donner une lettre à Rodolphe.
Promesse qu'elle a fait à sa sœur Rachel qui était également
religieuse et avec laquelle Rodolphe a volontiers couché. C'est
ensuite Simone (Simone Tassimot) que Rodolphe va voir pour une raison
bien précise. Arrivent dans la maison sa nièce Mathilde (Catherine
Estrade) et sa fille, Mathilde est la fille de Simone. La nièce et
sa fille entonnent une chanson pour l'oncle. C'est aussi Suzanne
(Marianne Basler) la comptable.
Mais
une seule femme occupe l'esprit de Rodolphe, c'est Marguerite. Où se
trouve-t-elle ? Voilà l'unique question qu'il se pose.
Valentine répondra « Marguerite ? Dans les champs ».
Marguerite était le premier amour de Rodolphe, jadis, il y a bien
longtemps, mais l'homme était coureur de jupons et il a couché avec
la sœur de Marguerite, et il a eu un fils, ce Laurent. Marguerite
n'arrive qu'en fin de film, en 2015, c'est Catherine Deneuve le temps
de 3 plans qui l'incarne. Une dernière femme est présente, Danielle
Darrieux avec un portrait d'elle sur le mur.
Ce
sont de longues discussions qui s'animent (sauf pour le monologue de
Catherine Deneuve) où le verbe et la phrase sont un enchantement
pour l'oreille. Les dialogues sont truffés de jeux de mots, de
trouvailles de langage sans que cela ne fasse des mots d'auteur,
c'est d'autant plus remarquable. Une certaine désuétude de la
parole est à l’œuvre dans Le Cancre qui n'est pas
déplaisante et qui contraste avec les dialogues entre Rodolphe et
Laurent, bien plus crus et triviaux. Car entre chaque rencontre de
Paul Vecchiali et ses actrices, le film fait découvrir la vie entre
le père et le fils.
Le
père déteste la veste à capuche, ce sweat (prononcé sweet) que
Laurent porte dans les trois quarts du film avant de revêtir une
veste. « Tu as une petite amie » demande le père, « je
n'aime plus les femmes » répond le fils. Dans son gourbi, il
vit secrètement avec Pierre (Pierre Sénélas), sur la plage il
rompt avec Alex (Raphaël Neal), dans sa cuisine il discute avec la
père d'Alex (Mathieu Amalric) qui le supplie de tomber à nouveau
amoureux de son fiston suicidaire. Laurent se saisit régulièrement
du fusil quand un huissier débarque dans la demeure.
Du
Paul Vecchiali pur jus avec ses élans poétiques et pleins de
lyrisme, ses trois chansons entonnées, ses effets spéciaux bricolés
(l'apparition de Catherine Deneuve sur la plage), ses noirceurs
mélodramatiques (le bruit des cigales comme sommet de la douleur
comme souffrait Pierre Blanchar dans Un carnet de bal dont le
film est un « remake » inversé), le film est parfois un peu long,
vaguement répétitif, mais souvent amusant, avec une dose d'humour
caustique lancé par Paul Vecchiali arborant d'invraisemblables
peignoirs.
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