vendredi 18 août 2017

Lumières d'été (Jean-Gabriel Périot, 2017)

Ces lumières d'été du premier long-métrage de fiction de Jean-Gabriel Périot, ce sont celles qui illuminèrent Hiroshima lors de l'explosion de la bombe atomique. C'est une fiction mais Lumières d'été commence comme un documentaire, un jeune cinéaste japonais Akihiro (Hiroto Ogi), son cadreur (je crois avoir reconnu Nicolas Brevière le producteur du film) et une preneuse de son se préparent à écouter une vieille dame, Madame Takeda, elle avait 14 ans quand la bombe est tombée.

Akihiro lui pose quelques questions, dans sa petite robe mauve elle commence à raconter ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a vu. Elle parle de la chaleur, des débris, des corps éventrés. Elle évoque la difficile recherche de sa sœur Michiko, infirmière, dans Hiroshima dévasté. Puis elle parle de la maladie de la bombe qui faisait tomber les cheveux, rendait la peau violette. Elle est survivante et sa sœur est morte quelques jours plus tard. Elle n'arrive pas à oublier.

Le générique à la fois en français et japonais arrive après ce témoignage de 20 minutes. Il servira à un documentaire pour la télé française, dit le jeune cinéaste. Il s'est « exilé » en France depuis 20 ans, il parle d'ailleurs français et doit se rendre à la production pour peaufiner le projet, il s'assoit sur un banc dans un parc, passe un coup de téléphone (en français) quand une jeune femme (Akane Tatsukawa) commence à parler avec lui (en japonais).

Cette femme porte le yukata, la tenue traditionnelle. Elle s'excuse pour son fort accent d'Hiroshima, et avec un grand sourire suggère au cinéaste d'aller manger un okonomiyaki, cette fameuse omelette spécialité du sud du Japon. Ils partent tous les deux dans les rues de la ville à la recherche d'un bon restaurant. « Là où il y a le plus de clients, c'est mieux ». Un vieux restaurateur leur prépare de quoi déjeuner et le duo continue de papoter.

Jean-Gabriel Périot a une passion cinématographique pour Hiroshima, il en a fait un superbe court-métrage, 200000 fantômes (visible assez facilement sur Internet, étonnement on ne voit pas ce dôme dans Lumières d'été) et ce trajet entre le cinéaste barbu et la femme aux manières d'antan (ce qui laisse assez vite deviner qui elle est et quelle est sa nature) est ponctué de dialogues largement explicatifs sur la ville, elle est un guide touristique d'une époque fantomatique, détruite et enfouie.

Elle se change pour une jupe et une chemise plus frivoles et elle l'embarque dans un train, direction la mer, en l'occurrence la baie verdoyante où un papi (Keiji Izumi) et son petit-fils (Yuzu Hori) pèchent à la ligne. Cette troisième partie pour autant qu'elle soit agréable n'en finit pas de chercher à fabriquer des souvenirs (une fête au village, une chanson, un repas). Là, on apprend enfin que cette femme est Michiko.

Bref, en comparaison au formidable travail de documentation que Jean-Gabriel Périot avait mis en œuvre pour son premier long-métrage Une jeunesse allemande, Lumières d'été donne l'impression de naviguer à vue. On sent bien qu'il veut nous dire des choses avec le personnage du jeune cinéaste, sur l'oubli, sur la fuite (il confesse qu'il n'est pas marié ce qui choque un peu Michiko) mais ce flou narratif est franchement décevant. Vivement son troisième film.

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