Ces
lumières d'été du premier long-métrage de fiction de Jean-Gabriel
Périot, ce sont celles qui illuminèrent Hiroshima lors de
l'explosion de la bombe atomique. C'est une fiction mais Lumières
d'été commence comme un documentaire, un jeune cinéaste
japonais Akihiro (Hiroto Ogi), son cadreur (je crois avoir reconnu
Nicolas Brevière le producteur du film) et une preneuse de son se
préparent à écouter une vieille dame, Madame Takeda, elle avait 14
ans quand la bombe est tombée.
Akihiro
lui pose quelques questions, dans sa petite robe mauve elle commence
à raconter ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a vu. Elle parle de la
chaleur, des débris, des corps éventrés. Elle évoque la difficile
recherche de sa sœur Michiko, infirmière, dans Hiroshima dévasté.
Puis elle parle de la maladie de la bombe qui faisait tomber les
cheveux, rendait la peau violette. Elle est survivante et sa sœur
est morte quelques jours plus tard. Elle n'arrive pas à oublier.
Le
générique à la fois en français et japonais arrive après ce
témoignage de 20 minutes. Il servira à un documentaire pour la télé
française, dit le jeune cinéaste. Il s'est « exilé »
en France depuis 20 ans, il parle d'ailleurs français et doit se
rendre à la production pour peaufiner le projet, il s'assoit sur un
banc dans un parc, passe un coup de téléphone (en français) quand
une jeune femme (Akane Tatsukawa) commence à parler avec lui (en
japonais).
Cette
femme porte le yukata, la tenue traditionnelle. Elle s'excuse pour
son fort accent d'Hiroshima, et avec un grand sourire suggère au
cinéaste d'aller manger un okonomiyaki, cette fameuse omelette
spécialité du sud du Japon. Ils partent tous les deux dans les rues
de la ville à la recherche d'un bon restaurant. « Là où il y
a le plus de clients, c'est mieux ». Un vieux restaurateur leur
prépare de quoi déjeuner et le duo continue de papoter.
Jean-Gabriel
Périot a une passion cinématographique pour Hiroshima, il en a fait
un superbe court-métrage, 200000 fantômes (visible assez
facilement sur Internet, étonnement on ne voit pas ce dôme dans
Lumières d'été) et ce trajet entre le cinéaste barbu et la
femme aux manières d'antan (ce qui laisse assez vite deviner qui
elle est et quelle est sa nature) est ponctué de dialogues largement
explicatifs sur la ville, elle est un guide touristique d'une époque
fantomatique, détruite et enfouie.
Elle
se change pour une jupe et une chemise plus frivoles et elle
l'embarque dans un train, direction la mer, en l'occurrence la baie
verdoyante où un papi (Keiji Izumi) et son petit-fils (Yuzu Hori)
pèchent à la ligne. Cette troisième partie pour autant qu'elle
soit agréable n'en finit pas de chercher à fabriquer des souvenirs
(une fête au village, une chanson, un repas). Là, on apprend enfin
que cette femme est Michiko.
Bref,
en comparaison au formidable travail de documentation que
Jean-Gabriel Périot avait mis en œuvre pour son premier
long-métrage Une jeunesse allemande, Lumières d'été
donne l'impression de naviguer à vue. On sent bien qu'il veut nous
dire des choses avec le personnage du jeune cinéaste, sur l'oubli,
sur la fuite (il confesse qu'il n'est pas marié ce qui choque un peu
Michiko) mais ce flou narratif est franchement décevant. Vivement
son troisième film.
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