lundi 21 septembre 2020

Michael Lonsdale (1931 - 2020)


Mon ancien souvenir de la présence de Michael Lonsdale dans un film doit être dans Le Fantôme de la liberté de Luis Buñuel vu au début des années 1990 au cinéma. Il n'a que quelques scènes. Il joue un type bien propre venu dans une auberge avec une femme. Il propose aux autres personnes qui dorment ce soir-là dans l'hôtel de venir prendre un verre de porto. Rien de bien extravagant, au contraire, de la grande courtoisie, d'autant que sa voix et son ton sont tout ce qu'il y a de respectueux. Les moines arrivent, ainsi qu'une dame. Michael Londasle va dans la salle d'eau, se prépare et débarque dans la chambre. La femme dévoile une tenue de cuir, sort un fouet et lacère les fesses de notre homme. Son pantalon les laisse apparaître. Tous sont choqués et commencent à quitter la chambre quand Michael Lonsdale sort, avec ce ton aristocratique qui le caractérise «  attendez, ne partez pas, que les moines restent au moins ».

La voix, la pose et la taille, voilà l'homme que je me rappelle. Il avait tourné avec Marguerite Duras, que j'ai beaucoup aimé dans ma jeunesse, et je me souviens de ces photos de plateau, elle minuscule levant haut son bras pour placer Michael Lonsdale gigantesque. En près de 60 ans, il a défilé chaque fois dans des univers totalement différent. Duras donc avec ses monologues alambiqués, mais aussi souvent chez Jean-Pierre Mocky de Snobs ! En 1961 au Renard jaune en 2013, c'est dire sa grande fidélité. certes, chez Mocky il était toujours cet homme guindé, contrairement à Luis Buñuel, ce type un peu inquiétant qui surplombe tous les autres personnages et sonne chaque fois la fin de la partie. C'était ce genre de rôle, souvent très court, qui le rendait célèbre, je pense par exemple à ce savant dans Hibernatus qui ordonne à Louis de Funès de vivre en 1909 pour ne pas brusquer l’ancêtre de son épouse Claude Gensac.

Les noms de cinéastes et de grands films défilent, Le Procès d'Orson Welles, François Truffaut (surtout Baisers volés avec Delphine Seyrig), Jacques Rivette dans Out 1, Stavisky d'Alain Resnais, deux des quatre Saisons de Marcel Hanoun, Une sale histoire de Jean Eustache, et aussi quelques gros films commerciaux, un James Bond, Le Nom de la rose, Ma vie est un enfer de Josiane Balasko quelques premiers longs-métrages de la nouvelle Nouvelle Vague d'à peu près toutes les décennies, une présence chez Bruno Podalydès, et plus récemment deux films français, Des hommes et des dieux (que je n'aime pas follement) et Maestro où il campait un variation sur Eric Rohmer (un film que j'aime bien). Il y a un choix immense avec un constat évident, Michael Lonsdale n'a jamais été un premier rôle mais il a toujours été au premier plan dès qu'il entrait dans une pièce. C'est peu de dire qu'il reste encore beaucoup de films à découvrir. Michael Lonsdale, ou parfois Michel Lonsdale comme certains génériques le nommaient était né le 24 mai 1931. Encore un immense acteur qui s'en va du cinéma français.













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