jeudi 10 septembre 2020

Magnum force (Ted Post, 1973)

J'enchaîne immédiatement avec Magnum force que je n'avais jamais vu, contrairement à L'Inspecteur Harry vu il y a des années et dont je n'avais que des souvenirs très brumeux. Magnum force commence avec la fameuse réplique en voix off, histoire que ça soit fait, ça satisfait les spectateurs qui l'attendaient mais Harry Callahan (Clint Eastwood) s'est civilisé en deux ans. Il ne rechigne plus sur son partenaire, Early Smith (Felton Perry), au contraire ils s'entendent très bien.

Enfin, on découvre son intimité, on apprend quelques bribes de sa vie privée. Un appartement modeste au premier étage. Les soirs sont monotones depuis qu'il n'est plus à la Criminelle. Les repas sont médiocres, de son frigo il sort un hamburger de la veille et une bière. Il semble n'avoir rien d'autre. Il vient se reposer sur son lit, sur la table de chevet trône sa photo de mariage. Tout cela concourt à le rendre plus humain.

Mais on découvre aussi sa vie amoureuse. A une jeune voisine du rez-de-chaussée qui lui demande comment il faut faire pour coucher avec lui, il répond placidement qu'il suffit de frapper à sa porte. Sunny (Adele Yoshioka) ira frapper à sa porte et deviendra son amante. Callahan reçoit aussi les avances de l'épouse d'un de ses collègues, devenu paranoïaque et suicidaire, il repoussera les avances mais plus par respect pour le collègue que pour cette mère de famille de trois enfants.

Le film ne appesantit pas sur la partie romantique, il trouve de nouveaux adversaires à Harry Callahan. Le premier est son chef, irascible et rigide, Briggs (Hal Holbrook) entend faire filer droit Callahan. Avec son accent pincé, le lieutenant, dans de grands accents de colère et un regard furibard, fait tout pour que Callahan ne soit pas sur les affaires qui secouent San Francisco. Pas des peccadilles, cela intrigue et inquiète Callahan.

Dans L'Inspecteur Harry, avec son instinct, Callahan avait un coup d'avance, cette fois, c'est le spectateur qui est mis dans la confidence. Un petit quarteron de flics, des motards en bel uniforme moulant (à peu près les mêmes que ceux de la série Chips) traversent la ville pour rendre justice eux-mêmes. Ça, seul le spectateur le sait, car ils abattent leurs victimes loin de la ville, parfois dans des endroits reculés de San Francisco.

Magnum force commence d'ailleurs ainsi. Un mafieux bardé d'avocats est acquitté pour vices de forme. Dehors, la foule proteste avec véhémence, le mafieux et ses avocats sont tout sourires. Ailleurs, un motard dont on ne devine que le visage revêt son uniforme, monte sur sa moto et suit la voiture du mafieux. Il l'arrête sous un faux prétexte, part vérifier le permis de conduire. À son retour, il tire une balle dans la tête de tous les occupants du véhicule.

Les crimes continuent avec une grande violence. Des gens riches se baignant dans leur piscine sont exterminés à la bombe et à la mitraillette, un proxénète au goût douteux (sin on juge par sa bagnole clinquante et ses tenues) meurtrier d'une de ses filles est abattu de plusieurs coups. Callahan va petit à petit comprendre ce qui se trame. Mais il pense d'abord à son collègue dépressif. Pas de bol, il est tué par l'un des vilains motards.

La belle idée du film est de faire de ces motards des sortes de clones, même carrure, même âge, même voix, ils sont interchangeables. On reconnaît dans le lot des ces quatre vengeurs casqués David Soul le futur Hutch de Starsky & Hutch et Robert Urich autre vedette de la télé américaine. Ils admirent Callahan et pensent rendre la Justice comme lui le faisait. Mais le film montre désormais un Callahan différent.

Dans son récit très bancal, Magnum force décrit un Dirty Harry qui dispense toujours sa Justice mais sans l'esprit rigide des motards et de Briggs. Ted Post et Clint Eastwood le font avec une grande brassée d'humour comme lors de la scène de la prise d'otage d'un avion par des terroristes. Callahan se déguise en pilote, fait un arrêt brutal de l'avion et maîtrise les gredins. Lui n'abat plus les gens, il les empêche de commettre leurs forfaits.

Il ne reste plus qu'à faire comprendre aux motards qu'il sait qui ils sont et ce qu'ils ont fait, surtout qu'il va les empêcher d'aller plus loin. Cela passe par une séquence, celle du concours de tirs sur cible, Davis (David Soul) l'emporte sur Callahan qui a tiré sur une cible de flic. Il s'avère qu'il l'a fait volontairement, c'est une manière pour lui d'avertir symboliquement que Callahan n'hésitera pas à abattre ces flics pourris.


Davis et ses acolytes prennent le message en pleine figure. L'avertissement prend la forme d'une course poursuite dans un entrepôt sur les docks, deux motards en uniforme et Callahan à pied. En voyant cette séquence ultime en intérieur, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux films de Jackie Chan qui se termine en baston finale entre les méchants, qui finiront éliminés, et le gentil seul, souvent désarmé, qui triomphe du mal non sans mal.





























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