mardi 15 septembre 2020

J'ai aussi regardé ces films en septembre


La Daronne (Jean-Paul Salomé, 2019)
Madame Hyde (Serge Bozon, 2017)

Isabelle Huppert au cinéma, Isabelle Huppert à la télé. Je n'étais pas allé voir Madame Hyde à sa sortie en mars 2018, vraiment pas adepte du duo Roppert / Bozon, loin de là. Ici, Isabelle est traductrice arabe français et vice-versa pour la police, là elle est professeur d'électricité dans un lycée de la banlieue lyonnaise. Effacée dans le deux cas, fiancée au commissaire (Hyppolite Girardot), mariée à un homme au foyer (José Garcia), elle mène une vie monotone jusqu'à...

Sans la stupidité de tous ceux qui l'entourent, le récit de La Daronne ne pourrait pas avancer. Pour déployer sa comédie, le film fonctionne par soustraction : retrancher la vraisemblance et y aller au forcing, enlever la suite logique des événements et retirer la progression narrative du récit. Et ça marche, le film est marrant et léger comme une bulle de savon ou une bouffée de joint puisqu'elle devient dealeuse de cannabis.

Bernadette Lafont le faisait dans Paulette, Isabelle Adjani dans Le Monde est à toi. La délinquance pour le fun, le crime pour rigoler, la drogue pour rire. Le modèle est la comédie américaine genre Midnight run où ça ne fait jamais de pause. Mais ça ressemble plus à certains films français des années 1990, ceux de Jan Kounen, de Didier Le Pêcheur, de Graham Guit. Toute une époque révolue (tant mieux) des enfants de Luc Besson.

Serge Bozon fait l'inverse, il remplit son film comme un œuf. Madame Hyde est un véritable catalogue : adaptation littéraire modernisée, film banlieue, teen movie, comédie sur le mariage, récit d'apprentissage, comédie musicale avec un rap très écrit, variation sur Harold et Maude le tout développé dans un film fantastique mâtiné de science-fiction avec beaucoup de science et peu de fiction et parfois un peu d'horreur. Et je dois en oublier.

Mais le plus étonnant est que Isabelle Huppert joue de la même manière dans les deux films. Elle est d'abord un peu lente, atone, elle observe, elle cherche à se faire respecter. Vainement. Sa voix est molle puis quand la drogue lui tombe dans les mains ou que la foudre lui tombe sur la tête, elle se transforme en un personnage de femme forte, elle prend alors le pouvoir sur le récit qui jusque là la dominait.

Quand elle se met à mentir à ses mari/amant, à ses Arabes, sa voix est aiguë. C'est un détail de jeu infime mais c'est le seul qu'elle fournit dans ces deux films a priori totalement opposés, à deux pôles contraires du cinéma français. Mais en fin de compte, ils sont très proches. Suggestion : Isabelle Huppert devrait proposer à Jean-Paul Salomé et à Serge Bozon de faire un film ensemble, on ne serait pas forcément déçus.

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