vendredi 20 décembre 2019

Du sang dans la poussière (Richard Fleischer, 1974)

Vraiment cette année 2019 aura été celle de la découverte des films de Richard Fleischer, un long voyage (fantastique) entamé en janvier avec une bonne quinzaine de films vus. Du sang dans la poussière est le premier western du cinéaste que je vois, même si Mr. Majestyk tourné également en 1974 a de fortes allures de western. Ici, c'est très amusant de voir parmi les trois jeunes garçons du fin fonds des territoires américains (le film a pourtant été tourné en Espagne), le jeune Ron Howard encore acteur et pas encore cinéaste.

Le film démarre en vitesse : un corps ensanglanté étendu dans la prairie ensoleillée : celui de Harry Spikes (Lee Marvin). Il est observé par trois minots, des grands enfants pas encore adultes, aux visages glabres, ils sont gentils, souriants, bien polis et un peu effrayés de voir cet homme qu'ils pensent mort. Effrayés mais fascinés par ce mort qui revient soudain à la vie et leur demande de l'aide. Les (Ron Howard), Will (Gary Grimes) et Tod (Charlie Martin Smith) vont abriter Spikes dans une grange, le soigner, le nourrir et recoudre ses vêtements.

Les trois grands gaillards avaient appris à vivre à la ferme, à s'occuper des cochons, à coudre, à cuisiner le lapin. Jamais ils ne s'étaient destinés à quitter cette vie tranquille après avoir rencontré Spikes mais quand Will, plein de générosité lui donne son cheval pour que le gangster reprenne son chemin, son père le fouette à grands coups de ceinturon. Il décide au petit matin de quitter la ferme, dit au revoir à ses deux amis d'enfance et s'en va, tel Lucky Luke sur Jolly Jumper avant d'être rapidement rejoint par Les et Tod.

Spikes leur a bien expliqué, pendant sa convalescence, son activité de gangster. Quitte à vivre la grande aventure, autant commencer tout de suite dans un patelin où Wil se lance et va braquer une banque. C'est presque sur un mode comique que Richard Fleischer lance son film et poursuit avec ce braquage. Le trio c'est un peu « les trois nigauds » au far-west, prêts à faire tout un tas de gaffes. Mais celle que commet Tod est plus importante que jamais, il tire sur un homme qui s'opposait au braquage de banque.

Seulement voilà, cet homme était le gouverneur. Les trois jeunes sont désormais des « Wanted » morts ou vifs, sans le sou (pas doués, l'argent « s'envol » du chapeau de Les), ils filent se réfugier au Mexique où ils finissent en prison. Là, encore le ton humoristique est présent avec tous les petits boulots mal payés qu'ils sont obligés de faire pour gagner de quoi se payer à manger. Harry Spikes, que le trio appellera pendant tout le film Mister Spikes. Bien que devenus des assassins, des desperados, des bons à rien, ils restent polis.

Harry Spikes avait été soigné par eux, il va prendre soin d'eux. Il va devenir leur père de substitution, un gentil papa qui leur achète de beaux vêtements bien amidonnés. Ils sont un peu raides dans leurs costume de western, ils doivent encore apprendre à manier le revolver. Tod avait tué le gouverneur mais n'est plus capable de tirer. Spikes lui achète une paire de lunettes. Le revers de la médaille de tant de gentillesse est qu'il les embrigade, ils vont devenir ses petites mains pour la braquage de banque qu'il organise dans une ville du Texas.


Le ton de comédie légère disparaît petit à petit, les trois jeunots pensaient que tout serait facile mais ils vont s'enfoncer dans la violence à force de suivre ce père. Ils sont autant inadaptés aux petits boulots qu'au braquage de banque. Le film, non sans quelques écueils mièvres (Will pense à son père dans des fondus enchaînés franchement poussifs), montre les destin fatal de ces trois jeunes paysans qui rêvaient d'aventure et de liberté pour s'échapper de leur morne vie et qui trouvent le sang de leurs corps, la poussière du désert et la mort.























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