lundi 30 décembre 2019

Charlot nudiste (Charles Chaplin, 1914)

Durant toute l'année 1914, Charles Chaplin pour sa première année de cinéma aura ainsi tourné dans 35 films et en aura réalisé la moitié. Charlot nudiste (titre français crétin pour His prehistoric past) est le dernier film réalisé pour la Keystone. Il aura beaucoup appris en un an, gagné beaucoup d'argent (car le burlesque est le genre roi en 1914) mais décide de partir pour une autre compagne (Essanay) et quitte Mack Sennett comme tous les autres acteurs de la compagnie.

Comme de bien entendu, c'est dans un parc que commence le film (ça coûtait que dalle en décors, pas fou le Mack Sennett), un banc bancal où Charlot s'endort et songe à lui-même qui se retrouve à l'époque préhistorique. Je n'ai pas vu le film, mais partout il est indiqué que Chaplin parodie un film de David W. Griffith Genesis' man (1912), sur l'origine préhistorique de l'homme, gros sujet apparemment à cette époque.

Le monde est clair : Mack Swain domine son harem, six femmes, et ses larbins, dont Al St John qui se confond en courbettes pendant tout le film, servant même de paillasson pour Charlot. Un fou du roi, aux allures efféminés mais tatoué, divertit le roi. Le bouffon du roi est d'ailleurs vite rejeté par le macho en chef qui roule des yeux quand son larbin vient chercher des faveurs. Il va préféré l'amitié virile avec Charlot qui va s'empresser de lui piquer sa favorite.

Le comique du film repose d'abord sur quelques anachronismes. Malgré les temps ancestraux, tout le monde porte des souliers et Charlot a sa canne et son chapeau. Il fume également la pipe qu'il remplit avec les poils de sa peau de bête. Lui c'est un ours, les autres ce sont des peaux de fauves, lion et panthère. Les hommes, Mack Swain et Charlot, sont munis de gourdin pourvus de piques énormes et ils assomment à tour de bras.


Mais derrière ce burlesque, Chaplin semble dire qu'il domine ce monde comique, qu'il en le chef incontesté. C'est ce que montre Charlot nudiste, il est parti de rien, il est parvenu à détrôner les comique banal (le bouffon en début de film) et met tout le monde à sa botte. La Keystone était la préhistoire de son cinéma. Ce film est donc pour l'acteur cinéaste un bilan de son année 1914, jusqu'au réveil par un policeman, dernier sursaut du modèle Keystone dans son cinéma.


















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